Madagascar: «Malagasy First» - Posture minimale pour un Président

Originellement, dans l'Europe de la fin du XVIIIème siècle (Révolution française en 1789, Discours de Fichte à la nation allemande en 1807), le nationalisme était d'abord une affirmation de la primauté de la nation-population face au monarque-dieu vivant.

Nationalisme en quête d'État, État en quête de nation/nationalisme ; Nationalisme des droits de l'homme, nationalisme de l'ordre, de l'autorité, de la hiérarchie ; Nationalisme de la satisfaction/l'euphorie, nationalisme de l'inquiétude/de l'angoisse ; Nationalisme conservateur/de blocage, nationalisme de dynamisme/révolte ; Nationalisme civique, nationalisme ethnique... Le nationalisme peut être, selon, libéral, conservateur, culturel, linguistique, religieux, protectionniste, intégrationniste, séparatiste, irrédentiste, libre-échangiste, fasciste, communiste, etc.

Le mot «nation» dérive du latin «nascere» (naître) : l'équivalent malgache «Firenena» semble finalement plus explicite, qui évoque clairement la mère «Reny», ventre biologique, ombilical, endogamique. «Isika» et «Izahay» dans deux déclinaisons, pas du tout parentes, du même «Nous».

Celui qui nous occupe est surtout un nationalisme de soi (du Moi) : on parle de nationalisme russe, de nationalisme chinois, de nationalisme américain. Pourtant, c'est plus au Nord qu'était apparu, en 1868, le «Canada First».

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La promotion/défense d'une nation est une création intellectuelle par la narration. Les «communautés imaginées» prennent progressivement corps avec l'avènement de la communication de masse (d'abord via l'imprimerie à bas coût) et la vulgarisation d'une vision commune du passé. «Une certaine idée, une mémoire en partage» à la Renan. Mais, sait-on seulement à partir de quel seuil critique, on peut commencer à parler d'une nation ou se rend-on compte avoir affaire à une nation quand on ne fait pas partie de son «izahay» (nous exclusif) ?

Et le nationalisme malgache ? Nous le sentons plus que nous lui donnons une définition, disons, documentée. Quelque part, le «Izahay» (Nous exclusif) et le «Isika» (Nous inclusif) tracent une frontière que tout le monde «sait» dès que l'entendre.

Tous les ouvrages, depuis la haine nourrie contre Ranavalona 1ère (1828-1861), qui traitent de nos relations avec les Étrangers - «ny Raharaha amy ny Vahiny» - comme ce fut si bien défini dans la nomenclature des ministères sous Rainilaiarivony en 1881, parlent de «nationalisme». Jamais le mot, politiquement correct, de «patriotisme», n'apparaît ni chez les poètes, les historiens, les romanciers.

Nationalisme, patriotisme : le plus important demeure le contenu de ces mots-besace. «Protectionnisme», un autre mot plus acceptable parce qu'usité par le monde économique. Protectionnisme aux frontières, protectionnisme du Code la Nationalité, protectionnisme de l'accès à la propriété foncière... Nous ne serions pas les premiers, et certainement pas les derniers. «Malagasy First» : posture minimale pour un candidat à la présidence de la République.

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