En Côte d'Ivoire, l'inscription à la Couverture maladie universelle (CMU) est désormais obligatoire. À la rentrée, les élèves de lycées et les étudiants devront posséder un numéro CMU pour pouvoir se réinscrire. Ce numéro est aussi demandé pour le retrait du passeport ou du permis de conduire, l'inscription aux examens ou concours de la Fonction publique et de nombreuses autres démarches administratives. Résultat : les centres d'enrôlement sont pris d'assaut, et l'attente est interminable.
Ils sont une centaine devant l'antenne de la Caisse d'assurance maladie du quartier du Plateau, assis sur des chaises, un rebord de trottoir ou couchés sur des nattes. Certains ont dormi sur place la nuit précédente. Mais en fin d'après-midi, ils patientent toujours pour finaliser leur dossier d'enrôlement. C'est le cas de Souleymane Domané, étudiant. « J'ai dormi ici. Depuis hier, 21 heures, jusqu'à 17 heures aujourd'hui. Si je ne passe pas aujourd'hui... », lâche-t-il avec agacement.
Souhamoro Jenebou s'est déplacé pour deuxième fois afin de pouvoir inscrire ses enfants à l'école à la rentrée prochaine. Elle explique : « Il faut se lever à 2 heures du matin, s'apprêter, prendre le compteur pour venir et rester. Ça fait depuis 3h30 que je suis ici. On n'est même pas sûrs d'être pris en charge aujourd'hui. C'est fatigant. »
L'inscription à la CMU n'est pas toujours comprise. « Si on ne l'a pas, le petit ne peut pas aller à l'école. Je ne sais pas ce qu'il y a dedans, je ne comprends pas », peste un père de famille, assis sur la même pierre depuis un peu plus de 10 heures. Il pense que la carte ne permettra pas d'obtenir des remboursements de frais à l'hôpital ou chez le médecin : « Ceux qui l'ont eu avant moi, quand je leur demande, ils me disent que quand ils vont dans des hôpitaux, ça ne passe pas bien. Ça ne m'intéressait pas. C'est parce qu'ils ont associé ça à l'inscription des enfants que je suis venu. Sinon, je ne serais jamais venu. »
Depuis sa création en 2019, la CMU est décriée pour son inefficacité. Le ministre de la Protection sociale, Adama Kamara, a rappelé vendredi 4 août que l'enrôlement est gratuit, et a dénoncé les actes de corruption par des agents de l'État.