Au Tchad, les magistrats et les autorités de la transition ne parlent pas le même langage, après plusieurs semaines de grève pour revendiquer les meilleures conditions de travail mais aussi contre le projet de Constitution qui ne garantit pas l'indépendance du pouvoir judiciaire. Après avoir essayé de les persuader en vain, le Garde des sceaux menace de suspendre les salaires des magistrats qui ne reprendront pas le travail. Mais les deux syndicats durcissent leur position.
Ce torchon brûle depuis plus de quatre mois entre les deux parties. En juillet dernier, après plusieurs semaines de grève, le ministre de la Justice Mahamat Ahmat Alhabo a tenté de réquisitionner les magistrats, mais ceux-ci avaient refusé d'obtempérer.
Deux semaines après, c'est une décision du Premier ministre de transition ordonnant le contrôle de la situation administrative des magistrats qui était tombée.
Et vendredi 4 août, le ministre de la Justice, Mahamat Ahmat Alhabo, a demandé aux magistrats qui revendiquent de meilleures conditions de travail et leur indépendance, de reprendre leurs toges dès lundi prochain sous peine de voir leurs traitements et avantages suspendus.
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Des atteintes aux libertés syndicales
Mais ces derniers se sont retrouvés en assemblée générale ce vendredi et ont durci leur position en décidant la poursuite de la grève jusqu'à ce qu'ils obtiennent satisfaction.
Pendant ce temps, un groupe des magistrats réunit au sein d'un comité ad-hoc appelle à la conscience de chaque magistrat afin de reprendre le travail comme le ministre l'a demandé.
Une tournure qui ne surprend pas le vice-président du syndicat, Abdoulaye Bono Kono, car pour lui, un 3e syndicat, téléguidé, peut naitre et diviser leur lutte.
Les deux bureaux des syndicats des magistrats dénoncent ces menaces de la part des autorités et indiquent qu'elles constituent des atteintes aux libertés syndicales. Entre-temps, ce sont des justiciables qui souffrent.