« Je compte continuer à exercer mes fonctions à l'ambassade du Niger à Paris. » Aïchatou Boulama Kané, ex-ministre dans son pays, rejette l'annonce du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), l'organe qui a pris le pouvoir à Niamey le 26 juillet dernier. Le CNSP lui a ordonné de quitter son poste.
L'ambassadrice du Niger en France juge nulle et non avenue la notification des putschistes de mettre fin à ses fonctions. Ce 3 août 2023, les militaires auteurs du coup d'État ont annoncé qu'ils mettaient fin aux fonctions des ambassadeurs du Niger en France, aux États-Unis, au Nigeria et au Togo, dans un communiqué lu à la télévision nationale, à Niamey.
Mais à Paris, Aïchatou Boulama Kané estime qu'il s'agit de la décision d'un pouvoir illégitime et qu'elle est toujours l'ambassadrice du président Mohamed Bazoum, retenu depuis le 26 juillet dernier.
« C'est une décision qui, de mon point de vue n'est pas légale, puisqu'elle n'est pas prise par le président de la République légitime, Mohamed Bazoum, lance-t-elle au micro de Claire Fages. Et C'est pourquoi je la rejette et je l'ai rejetée et je compte continuer à exercer mes fonctions à l'ambassade du Niger à Paris ».
Interrogée sur ses liens avec les putschistes, cette ex-ministre sous la présidence de Mahamadou Issoufou ajoute : « Chacun d'eux, personnellement, je les connais. Mais je ne sais pas pourquoi ils ont pris cette décision de me rappeler. Je vais continuer à exercer mes fonctions, conformément à ce que le président Bazoum m'a donné comme instruction de faire. C'est lui que je reconnais légitimement et c'est auprès de lui que je réponds de mes actes, comme ambassadrice à Paris. »
Elle ajoute : « L'ambassadeur du Niger aux États-Unis [Mamadou Kiari Liman-Tinguiri, NDLR] est du même avis que moi. Nous avons tous les deux décidé de ne pas accepter cette décision et nous la rejetons tous les deux. »
Aïchatou Boulama Kané conclut : « Le Niger n'a pas besoin de cette situation. Surtout, le peuple nigérien n'a pas besoin qu'on lui fasse traverser cette épreuve, lui qui faisait déjà face à des défis. Tout allait bien, comme l'a dit le président Bazoum, dans sa tribune dans le Washington Post. Nous n'avons aucune raison de nous retrouver dans cette situation. »