L'ultimatum fixé ce dimanche par la Cedeao aux putschistes du Niger pour rendre le pouvoir au président Mohamed Bazoum risque d'être élastique au regard de la situation actuelle caractérisée par le refus du général Abdourahamane Tiani et le soutien inconditionnel des pouvoirs militaires établis au Mali et au Burkina Faso. L'option la plus viable semble être celle de la poursuite des négociations pour éviter le chaos du Sahel déjà endémique aux multiples crises.
A quoi va-t-on assister, à moins de 24 heures de l'ultimatum de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) faite aux putschistes nigériens pour rendre le pouvoir à Mohamed Bazoum ? Pour l'instant, tout porte à croire que cet ultimatum sera repoussé pour éviter une guerre d'autant plus que des forces militaires européennes et américaines présentes sur le sol Nigérien n'envisagent aucune action qui pourrait conduire à des lendemains lourds de conséquences. A l'état actuel des choses, hormis le Sénégal disposé à y entreprendre une action militaire dans le souci de crédibiliser la Cedeao et le Nigéria qui a déjà coupé sa source d'approvisionnement en énergie à une bonne partie de la population du Niger fortement dépendante, la junte militaire ne semble nullement ébranlée par l'ultimatum de la Cedeao. Fort de ce constat, l'option la plus viable, c'est sans doute celle de la poursuite des négociations pour éviter de rendre ingouvernable la région du Sahel déjà endémique à multiples crises.
Pour l'heure, la junte semble prendre le bon bout même si par ailleurs elle n'a pas d'assise populaire. Mais, le baume apporté aux forces armées nigériennes (Fan) par les putschistes du Mali et du Burkina Faso va peser lourdement, suite à l'ultimatum de la Cedeao fixé ce dimanche. Pour cause, les menaces de la Cedeao contre les putschistes seront difficilement réalisables dans un contexte extrêmement complexe qui a fini de faire du Sahel une sorte de poudrière avec plusieurs réseaux criminels et divers trafics illégaux. A ces menaces réelles pèsent les violences récurrentes entre éleveurs et agriculteurs, les menaces djihadistes, la valse des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée pour atteindre l'Europe, les mauvaises conditions environnementales, autant d'éléments qui jouent contre un forcing militaire aux conséquences incalculables.
Certes, le bras de fer à distance entre le général Abdourahamane Tiani et la Cedeao se poursuit bien que les négociations aient été engagées mais elles n'ont pas porté de fruits. En revanche, il n'est pas à désespérer de poursuivre les négociations avec les putschistes pour trouver le juste équilibre. Notons que la junte qui a renversé le président Bazoum a envoyé un émissaire au Mali, pays qui, avec le Burkina Faso, soutient la junte nigérienne, affirmant que toute intervention armée serait considérée « comme une déclaration de guerre » à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cedeao.
Dans une intervention diffusée sur les ondes de la télévision nationale, le général Abdourahamane Tiani a par ailleurs affirmé que le Cnsp « rejette en bloc ces sanctions et refuse de céder à toute menace d'où qu'elles viennent ». « Nous refusons toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger », a-t-il notamment martelé. Reste maintenant à savoir si la Cedeao va franchir le Rubicon