Ce dimanche 6 août sera le dernier jour de l'ultimatum lancé par la Cédéao aux putschistes nigériens pour abandonner le pouvoir. L'organisation ouest-africaine menace les mutins d'une intervention militaire. Grande puissance régionale, le Nigeria pourrait jouer un rôle de leader dans cette opération. Le pays assure d'ailleurs la présidence de la Cédéo. Mais dans le pays, la pression politique est forte sur le chef de l'État, Bola Tinubu. Le Sénat lui a d'ailleurs demandé de privilégier d'autres options.
Bola Tinubu avait écrit aux sénateurs pour leur demander d'approuver les résolutions de la Cédéao. Mais les élus n'ont pas donné un blanc-seing au chef de l'État. Bien au contraire. Après plusieurs heures de réunion, la Chambre a finalement demandé à Bola Tinubu de renforcer les options diplomatiques et politiques pour résoudre la crise au Niger.
Dans sa réponse, certes le Sénat a rejeté le coup d'État militaire, mais il montre aussi sa frilosité vis-à-vis d'une confrontation armée.
Déjà vendredi soir, les sénateurs du Nord, eux, s'étaient inquiétés des répercussions d'une opération militaire. Les deux pays partagent 1 500 km de frontière et les élus de la région avaient souligné les liens culturels, religieux, linguistiques entre les deux côtés. Ils avaient donc alerté contre « un recours à la force avant d'avoir épuisé toutes les voies diplomatiques », ajoutant qu'une opération aurait « des implications au Nigeria » avec une possible déstabilisation de régions très pauvres déjà sous pression des groupes armés.
Enfin, la pression politique s'est encore accentuée sur Bola Tinubu avec les propos fermes de la CUPP. Samedi matin, la plus importante coalition d'opposition a dénoncé un projet militaire « non seulement inutile, mais irresponsable ». « Le Nigeria ne peut pas se permettre de gaspiller ses ressources qui s'amenuisent et les vies précieuses de nos soldats. Un nouveau front pourrait plonger l'économie fragile dans une crise encore plus profonde », avaient déclaré les opposants.