Niger: Olushegun Adjadi, Ministre des Affaires étrangères du Bénin, sur la situation au Niger - « La solution privilégiée reste la concertation et le dialogue »

5 Août 2023

Le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Bénin, en conférence de presse, hier, à Cotonou, s'est voulu clair sur la position de son pays par rapport à la situation qui prévaut au Niger. Olushegun Adjadi Bakari soutient que la solution privilégiée face à la junte militaire reste la concertation et le dialogue.

Le Gouvernement du Bénin, à l'image de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), veut donner encore une chance aux négociations en cours au Niger pour la restauration de l'ordre constitutionnel après le coup d'État militaire. Hier vendredi, en conférence de presse, à Cotonou, le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Bénin, Olushegun Adjadi Bakari, a affirmé que le Bénin reste entièrement solidaire aux actions diplomatiques en cours au Niger qui, dit-il, reste la solution privilégiée par tous. L'action militaire, a-t-il relevé, reste le dernier recours. « La position du Bénin est claire là-dessus. Il reste entièrement solidaire aux actions diplomatiques en cours qui restent la solution privilégiée par tous », a-t-il précisé.

Le Chef de la diplomatie béninoise qui a co-animé la conférence de presse avec le Porte-parole du Gouvernement, Wilfred Léandre Houngbédji, a toutefois noté qu'en tant que membre de la Cedeao, le Bénin sera solidaire aussi à toute autre action qu'entreprendrait l'organisation sur le terrain au Niger. « Les décisions de la Cedeao engagent aussi le Bénin. Donc, si celle-ci décidait d'engager une action particulière, le Bénin sera entièrement solidaire », a clarifié M. Bakari.

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Évoquant la substance de la position du Bénin concernant les régimes militaires dans la sous-région, il a estimé que cela tient de l'histoire de son pays. « Depuis 1990, le Bénin estime que le pouvoir se transmet par les urnes. C'est important, car le pays reste convaincu que le développement ne peut se faire que dans la stabilité politique. On ne peut pas comprendre que c'est seulement dans notre sous-région qu'il y a des tentatives de prises de pouvoir par les armes. Ce n'est pas acceptable ; ce n'est même pas bien pour le développement de la sous-région. Nous pensons que les régimes démocratiquement élus sont les meilleurs pour l'amélioration des conditions de vie des populations », a souligné le Ministre.

Abondant dans le même sens, le Porte-parole du Gouvernement de renchérir que « la démocratie, comme n'importe quel système, peut avoir ses imperfections, mais chaque acteur sociopolitique doit savoir rester dans son camp et faire ce qui relève de sa responsabilité ». La responsabilité des élus, a ajouté Wilfred Léandre Houngbedji, « c'est d'administrer les États, d'appliquer des programmes de gouvernance qui améliorent les conditions de vie des populations... Celle des militaires est de défendre l'intégrité des territoires et d'assurer la sécurité de leurs pays ». Le Porte-parole du Gouvernement béninois reste convaincu que même les militaires eux-mêmes savent que faire des coups d'État intempestifs n'est pas la solution. Pour appuyer son argument, il a exhorté les observateurs à faire le point dans les pays qui connaissent les coups d'État pour voir ce qui y a fondamentalement changé en termes de développement des populations.

Le poste de contrôle juxtaposé de Malanville fermé

Sur l'éventualité d'une rupture des relations diplomatiques avec le Niger, le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Bénin a précisé que cette question n'est pas d'actualité. « Le Niger est un pays frère. Nous pensons que les institutions reconnues dans ce pays sont celles qui ont conduit à l'élection du Président Bazoum. Donc, nous pensons plutôt à consolider nos relations qu'à les rompre », a déclaré Olushegun Adjadi Bakari.

Le Bénin a déjà pris la décision de fermer ses frontières avec le Niger, un État avec qui il partage d'intenses activités économiques. Sur les conséquences d'une telle mesure au Bénin, notamment sur l'activité économique au Port autonome de Cotonou, principale porte d'entrée des ressources pétrolières allant au Niger, le Chef de la diplomatie béninoise a noté que l'impact ne sera pas seulement ressenti par son pays, mais de manière communautaire dans cet espace ouest-africain. « Ce n'est pas une question d'impact individuel par pays, mais global », a ajouté Olushegun Adjadi Bakari.

Le Bénin, dans le cadre des sanctions prises par la Cedeao contre la junte militaire, avait fermé sa principale frontière avec le Niger, à hauteur du poste de contrôle juxtaposé de Malanville, au transport de marchandises à destination de ce pays voisin.

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