Tunisie: La PDG de la télévision nationale violemment critiquée par le président Saïed

Kaïs Saïed a convoqué le 4 août la PDG de la télévision nationale, Awatef Daly, estimant que l'ordre donné aux infos lors du journal de 20 heures n'était « pas innocent », que certains programmes faisaient office de « réchauffé ». Les médias tunisiens dénoncent depuis longtemps les atteintes à la liberté de la presse et d'information, depuis le coup de force du président tunisien il y a deux ans. Des journalistes ont été traduits en justice et même condamnés à des peines de prison inédites.

La convocation de la PDG de la télévision nationale par le président de la République constitue une première. Organe de diffusion télévisée dans le pays depuis 1963, le petit écran tunisien a toujours été sous la pression des dirigeants. Ce n'est qu'après la révolution qu'elle est appelée Télévision nationale tunisienne et se voit confier une réelle mission de service public.

Mais avec plus d'une dizaine de PDG qui se sont succédés depuis 2011, la première chaîne publique tunisienne n'a jamais pu trouver son indépendance. Vendredi 4 août, le président Kaïs Saïed a accusé la PDG de la chaîne, Awatef Daly, de diffuser des programmes qui ne sont pas en accord avec les attentes des Tunisiens. « Ceci n'est pas une ligne éditoriale, mais c'est celle des forces qui s'opposent à la liberté et au mouvement de libération nationale dans lequel nous devons tous nous inscrire » a-t-il dit, en suggérant d'autres thématiques éditoriales, plus axés sur la révolution de 2011 et non le passé selon ses mots.

Ce réquisitoire contre la programmation de la chaîne se déroule dans un contexte de « censure des médias publiques et d'atteinte aux principes de pluralisme, de diversité et d'objectivité », selon les mots du communiqué du Syndicat des journalistes tunisiens, qui a fortement condamné les propos présidentiels, dénoncé une ingérence dans le travail de la chaîne publique et appelé à respecter son indépendance.

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