Burkina Faso: Le combat de la liberté

05 août 1960, 5 août 2023. A cette date anniversaire du Burkina Faso qui marque les 63 ans de l'accession du pays à la souveraineté nationale et internationale, une formule sacramentelle revient comme pour rappeler l'importance et de la date, et de ce qu'elle porte comme symbole. Toutes les générations de Burkinabè entendent et certainement entendront la fameuse « aujourd'hui 5 août 1960, je proclame solennellement l'indépendance de la République de Haute Volta ». 63 ans après cette journée mémorable, la joie de la liberté ne cesse de créer des surprises. Surprises de voir que l'ancien « patron » d'hier ne nous a pas laissé tous les leviers pour que nous décidions nous-même de ce qui est bon pour nous. Il est parti sans quitter et tient à être présent sur tout le chainon de notre marche vers nos aspirations. Il a laissé un choix qui, comparé à notre « moi » sociologique et anthropologique, heurte notre bon sens.

Chez nous au Burkina, dans presque toutes les contrées, lorsqu'un fils atteint 18 ans, il sort de la grande cour familiale pour se bâtir sa case hors du grand cercle. Prélude à sa liberté de disposer de son temps et de se choisir un modèle qui ne s'éloigne certes pas de la raison communautaire, mais qui ne le maintient plus dans les mailles de l'obligation paternelle. Le droit positif aura-t-il copié le droit naturel africain ? Dans tous les cas, il est établi qu'à 21 ans, l'enfant est libre et responsable de sa vie. D'où vient-il alors qu'à 63 ans, ceux qui, hier disaient nous apporter la paix, le développement, veuillent toujours être présents dans notre quotidien et nous imposer leur choix à tous points de vue. 63 ans après le 5 août 1960, le Burkina doit-il toujours dépendre de ceux qui nous ont maintenus dans les chaines, de ceux qui ont pris notre dignité en nous déportant, mains et pieds liés sans notre avis hors de nos terres ancestrales ? Nous avons fait abstraction de bien d'évènements qui n'honorent pas la dignité humaine mais pour combien de temps ? Nos enfants vont-ils subir sans broncher ce que nos grands-parents ont enduré ? Que ceux qui le pensent se le tiennent pour dit : il ne sera plus possible que cette volonté permanente d'une mainmise sur le destin de tout un peuple perdure.

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D'ailleurs, en regardant la stratification du temps, les maitres d'hier doivent comprendre que les descendants des esclaves d'antan ont compris que personne ne les libérera à leur place. Alors, ils ont pris leur destin en main et vont se donner les moyens pour que le fictif devienne la réalité. Ils feront face à toutes les entraves, s'il le faut, mais entendent couper le cordon ombilical pour restaurer une dignité galvaudée. C'est cela le sens de ce nouveau combat de la liberté, de la souveraineté retrouvée sans faux-fuyant. Demain ? Dans combien de temps ? Seule l'évolution le dira. Avant les cent ans de notre indépendance « fictive », le combat qui sera couronné de succès portera sur la souveraineté monétaire, économique, qui viendront symboliser la fin inéluctable d'un combat qui aura duré cent ans. Cent ans dans la vie d'un pays n'est absolument pas grand-chose. Nos grands-parents ont chanté et « magnifié » ce soleil ardent et glorieux, nos parents ont dénoncé la férule humiliante. Nos enfants aspirent à entonner le chant de la liberté totale, l'indépendance retrouvée. Voici pourquoi aujourd'hui, manche retroussée, le regard pétillant de courage, ils se mettent à l'étrier. Ils ont fait leur choix qu'ils vont assumer quel que soit le résultat. Chaque génération écrit son histoire.

Par Assetou BADOH/GUIRE

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