Avec un cours de plus de 80 dollars le baril, le marché pétrolier mondial continue la spirale de la hausse. Les analystes du secteur mise sur une poursuite de cette tendance haussière sur le reste de l'année.
Une situation qui n'est évidemment pas sans effet sur l'économie de Madagascar qui, par ailleurs, n'a, pour le moment, pas pu résorber les conséquences désastreuses de la dernière crise sanitaire et de la guerre en Ukraine.
Effets négatifs
Dans son dernier rapport sur la conjoncture économique de Madagascar, la Banque mondiale confirme que la hausse des prix de pétrole aura également des effets négatifs, notamment sur les finances publiques et la situation financière de la Jirama. « La hausse des cours internationaux du pétrole contribuera à creuser le déficit commercial, les produits pétroliers raffinés représentant 14,5% de la valeur totale des importations à Madagascar, soit 5,1% du PIB. Elle s'accompagne également d'importantes pressions budgétaires du fait de l'augmentation des arriérés de paiement aux distributeurs de carburant et de la hausse des coûts de production pour la Jirama ».
L'une des solutions, qui n'est cependant pas encore envisagée par le gouvernement, serait le retour à la vérité des prix des carburants. Et encore selon la Banque mondiale, cette solution n'aura pas des effets immédiats. « Supposant un ajustement partiel du prix du carburant à la pompe, les engagements envers les distributeurs pourraient augmenter d'environ 0,3% du PIB et les coûts de la Jirama de 0,8% du PIB, entraînant des transferts publics supplémentaires. » selon toujours la Banque mondiale.
Exportation de minerais
Mais les perspectives ne sont pas aussi sombres qu'on peut le croire. La situation favorable de certains produits d'exportations sont appelés à amoindrir les effets de cette montée des cours du pétrole. Il s'agit, en l'occurrence, des exportations des minerais dont les cours mondiaux augmentent actuellement. « La hausse des prix du nickel, du cobalt et de l'or devrait équilibrer l'impact sur la balance commerciale. Le conflit en Ukraine a contribué à une forte augmentation du cours du nickel, qui représente 14,7% des recettes totales d'exportation de Madagascar (4,5% du PIB). En supposant que les prix du nickel restent en moyenne 40% au-dessus des niveaux précédents, cela ajouterait 1,8% du PIB en recettes d'exportation ». Mais là encore, l'embellie n'est pas garantie à 100%. En effet, le cours du nickel est extrêmement volatil. « L'impact de la hausse des prix du cobalt et de l'or serait moins prononcé, puisque les variations de leur prix sont plus limitées et la part de ces métaux est plus faible dans les recettes d'exportation ».
Rythme
En somme, à l'instar des autres pays du monde, dont certains ont même déjà enregistré une récession économique, Madagascar n'est pas épargné par les effets de la crise mondiale. Mais la croissance est quand même au rendez-vous. « La croissance devrait reprendre à un rythme plus lent que prévu en 2023 et 2024. La croissance devrait s'accélérer pour atteindre 4,2% en 2023 (par rapport à une projection précédente de 5,1%) et 4,6% en 2024, tirée par un rebond des dépenses de consommation et de l'investissement privé. Au-delà des facteurs conjoncturels, le potentiel de croissance de l'économie reste faible et a été négativement impacté par la crise. Une petite lueur d'espoir en somme. Mais qui risque, une fois de plus, d'être compromis en cas de crise électorale.