Ile Maurice: Antoinette-Phooliyar - Sur les traces des 36 premiers travailleurs engagés

Des fouilles archéologiques ont eu lieu du 19 au 28 juillet à l'ancienne sucrerie d'Antoinette-Phooliyar. C'est là que 36 premiers travailleurs engagés ont été envoyés en 1834. Krish Seetah, «Associate Professor» à l'université de Stanford, détaille les efforts entrepris pour retrouver le quotidien des engagés et de leurs descendants. Il y a un projet de «heritage village» à cet emplacement, situé dans le district de Rivière-du-Rempart.

Là où vivent et meurent les premiers engagés

Il reste une cheminée et une façade. Une date est encore visible au fronton : 1871. Vestige de l'ancienne sucrerie d'Antoinette-Phooliyar.

Après avoir débarqué à l'Aapravasi Ghat, à Port-Louis, le 2 novembre 1834, c'est vers cette propriété sucrière qu'est acheminé le premier groupe de 36 travailleurs engagés venus d'Inde. «L'Aapravasi Ghat est la porte alors qu'Antoinette est la première étape de l'histoire de l'engagisme à Maurice», explique Krish Seetah, Associate professor à l'université de Stanford. Du 19 au 28 juillet, il a dirigé l'équipe de quatre chercheurs étrangers qui ont fait le déplacement, pour ce projet dont l'objectif est de mieux connaître les réalités des premiers engagés. Antoinette-Phooliyar est le premier endroit où des engagés «mangent, dorment, travaillent, prient, se marient, tombent malades et meurent».

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Le voyage a été financé par l'université de Stanford. Le projet est mené en collaboration avec l'Aapravasi Ghat Trust Fund (AGTF), avec le soutien d'étudiants de l'université de Maurice et de l'École nationale supérieure d'architecture Nantes-Mauritius. Depuis 2008, l'équipe de Krish Seetah a initié le Mauritian Archaeology and Cultural Heritage Project. Des fouilles archéologiques ont eu lieu dans une série de sites liés à l'engagisme et à l'esclavage.

Les premiers artefacts retrouvés

La couche de terre, pas encore très profonde, qui a été sondée durant une dizaine de jours, a livré les prémices du quotidien dans l'ancien camp sucrier. Parmi : «Des coquillages qui servaient à décorer les maisons.»

Pour une compréhension plus large de ce pan de l'histoire nationale qu'est l'engagisme, il faut jeter des ponts entre le site classé patrimoine mondial qu'est l'Aapravasi Ghat et le présent, affirme Krish Seetah. «On a tendance à penser aux engagés comme des coupeurs de canne, mais ils n'ont pas fait que couper de la canne. Avec les moyens du bord, ils se sont créer une nouvelle vie à Maurice. Le site aide par exemple à comprendre pourquoi des plats sont cuisinés d'une certaine façon. C'est parce que les engagés n'avaient pas toutes les facilités à leur disposition.»

Les fouilles contribuent également à situer le savoir-faire que ces engagés ont apporté avec eux et le processus d'adaptation à leur nouvel environnement. Les vestiges montrent que ces engagés ont fait preuve de belles compétences, «avec un souci de l'esthétisme».

Ont aussi été retrouvés le mois dernier : des objets en métal et des bracelets en verre. Des analyses à venir diront plus sur leur provenance. Des objets associés à l'enfance ont également été retrouvés, comme des billes ou «kanet» et des débris d'ardoises d'écolier. «On s'est beaucoup intéressé au sort des femmes engagées. Un nouveau chapitre s'ouvre, celui des enfants.»

Projet de «heritage Antoinette-Phooliyar village»

À Les récentes fouilles archéologiques ont eu lieu dans le cadre du projet de création d'un heritage village à Antoinette- Phooliyar, indique Krish Seetah, Associate professor vestiges de l'ancienne usine datent de 1870- à l'université de Stanford. Les 71. L'ex-camp sucrier a cessé d'être utilisé dans les années 1980. Le tout est sur un terrain appartenant au groupe Terra. «Cette société est partie prenante de l'initiative.»

D'où vient le nom Antoinette-Phooliyar ?

«En 1863, Raoul de Maroussem achète Belle Alliance Sugar Estate. Il la rebaptise Antoinette en mémoire de sa jeune épouse morte en 1868 lors de l'épidémie de malaria historien-chercheur à l'AGTF. », écrit Satyendra Peerthum, Le nom de Phooliyar a été associé à cette localité en 1983, suite aux activités 150 officielles marquant le e anniversaire de l'arrivée des premiers travailleurs engagés.

Des anciens habitants d'Antoinette-Phooliyar interviewés

Les témoignages d'aînés ayant vécu à Antoinette-Phooliyar ont été recueillis par Kiran Chuttoo-Jankee, chercheuse à l'AGTF. «En archéologie, avoir un accès direct à des personnes qui vous disent : 'fouillez ici, ma maison était là, ma cuisine était là", c'est tout simplement formidable.» Le scientifique ironise : «On ne parle pas de l'époque des pyramides à Maurice, mais de choses pertinentes à la société actuelle.»

Le début des études à Antoinette-Phooliyar date de 2015-2016. L'équipe de l'université de Stanford avait démarré le relevé des structures. Cette étape s'est poursuivie le mois dernier.

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