Ile Maurice: Demande d'extradition - Franklin n'obtient aucune garantie quant à un nouveau procès à La Réunion

La demande d'extradition déposée par le bureau de l'Attorney General (AG) à l'encontre de Jean Hubert Celerine, alias Franklin, a été appelée devant la magistrate Shavina Jugnauth, siégeant au tribunal de Port-Louis, hier.

Ses avocats, Mes Yatin Varma et Alexandre Leblanc, qui avaient adressé une correspondance au bureau de l'AG pour solliciter certaines assurances concernant la tenue d'un nouveau procès à l'île soeur, se disent insatisfaits des réponses obtenues.

Franklin souhaite obtenir l'assurance qu'il bénéficierait d'un nouveau procès en sa présence. Face à cette situation, il maintient son opposition à son extradition vers La Réunion et insiste pour que l'affaire continue à être traitée par le tribunal de Port-Louis. En effet, ses avocats avaient écrit au bureau de l'AG, le 11 juillet, afin d'obtenir certaines garanties quant à la possibilité que leur client soit remis aux autorités françaises. Parmi ces garanties, Franklin souhaitait obtenir des éclaircissements concernant ses droits d'appel liés à ce procès. Dans une correspondance, datée du 3 août, le bureau de l'AG a répondu à ses avocats, mais ces derniers estiment que leur client n'a reçu aucune des garanties demandées.

En cour, Me Yatin Varma a fait savoir que vu que le bureau de l'AG n'a pris aucun engagement pour que Franklin ait un nouveau procès et que les conditions d'appel restent floues, il ira de l'avant avec sa contestation pour qu'il ne soit pas extradé. L'audience se poursuivra le 14 août.

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Par ailleurs, Franklin a exprimé ses préoccupations au tribunal, déplorant les conditions de sa détention ainsi que la qualité de la nourriture qui lui est servie. Il a affirmé qu'il endure des conditions de détention déplorables. Il y a quelques semaines, ses avocats ont adressé une lettre à la Human Rights Commission pour mettre en lumière le fait qu'il soit maintenu en prison presque 24 heures sur 24, sept jours sur sept, contrairement à d'autres détenus en liberté préventive, qui ont droit à certaines heures d'exercice et de sortie en plein air. Ses avocats estiment que ses droits en tant que détenu ne sont pas respectés.

Au tribunal, lors de l'audience d'hier, Franklin a également évoqué la qualité médiocre de la nourriture qui lui est servie. «Bann ofisié prizon kras dan mo manzé ek zot don mwa dipin rasi pou manzé», a-t-il déclaré. Me Varma a ainsi attiré l'attention de la magistrate sur les traitements inhumains que subirait son client et a demandé que des actions soient prises. «Mon client jouit de la présomption d'innocence et c'est inacceptable qu'il soit traité ainsi.»

Rappelons que le 2 juillet 2021, Jean Hubert Celerine et Jérémy Décidé, alias Nono, avaient été condamnés à sept ans de prison chacun pour leur implication dans un trafic de cannabis destiné à alimenter Maurice. La cour d'appel de St-Denis avait, quant à elle, émis un mandat d'arrêt, le 13 juin 2019, contre les deux hommes à la suite du jugement mais le mandat n'avait pu être exécuté.

Un développement dans l'appel de Nono attendu

Le 7 juillet, la magistrate Shavina Jugnauth avait, dans un «ruling», ordonné l'extradition de Nono à La Réunion. La magistrate avait conclu que ce dernier y était éligible. Cependant, le principal concerné n'a pas été remis aux autorités réunionnaises avant le délai de 21 jours dont il disposait pour faire appel de ce jugement. Son avocat, Me Sanjeev Moloye, avait fait savoir le jour du «ruling» qu'ils iraient de l'avant avec l'appel, dont la date butoir était le vendredi 21 juillet. Selon nos informations, son avocat aurait déjà soumis les points d'appel devant la Cour suprême.

En attendant que la Cour suprême se penche sur sa demande, Nono pourrait bénéficier d'un «stay of execution» du «ruling» du tribunal de Port-Louis, d'où le fait qu'il n'ait toujours pas été extradé. Sollicité, Me Moloye n'a pas voulu en dire plus.

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