Au Niger, les putschistes ont décidé, lundi 7 août, la fermeture de l'espace aérien « jusqu'à nouvel ordre ». Une décision qui intervient alors que l'ultimatum de la Cédéao est arrivé à son terme dimanche soir. Conséquences : plus aucun avion ne peut décoller ni atterrir de l'aéroport de Niamey. Le survol du pays est, lui aussi, interdit.
Concrètement, comment cela s'organise-t-il ? D'un point de vue opérationnel, la fermeture de l'espace aérien nigérien est renouvelée toutes les 24 heures par les putschistes. Dans une communication officielle, ils le notifient à l'Agence nationale de l'aviation civile ainsi qu'à l'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique (ASECNA).
Ce sont ces deux autorités qui ferment officiellement l'espace aérien. Les putschistes peuvent aussi notifier de certaines exceptions.
Ainsi, selon nos informations, ce lundi 7 août, plusieurs avions militaires ont été autorisés à survoler le Niger, à savoir un C17 de l'armée américaine, mais aussi certains aéronefs, en provenance du Mali et du Burkina Faso.
Quant aux avions civils, ils subissent tous l'interdiction de survol du Niger, sans exception, même si cela fait déjà plusieurs jours que certaines compagnies ont annulé des vols vers Niamey. Après le coup d'État, le 26 juillet dernier, Royal Air Maroc ou encore Air France avaient supprimé certaines liaisons.
Cette suspension des lignes aériennes a aussi un impact sur les autres pays de la région, d'autant plus que le Mali et la Libye ont, eux aussi, imposé des restrictions dans leur espace aérien. C'est un vrai casse-tête pour les compagnies aériennes pour qui il est de plus en plus difficile de transiter par le Sahel ou de le survoler.
« L'interdiction du survol du Niger n'a pas d'implications importantes directes pour le pays »
La décision de fermeture de l'espace aérien nigérien, n'affectera que très peu le Niger, contrairement au reste du continent africain, comme l'explique Didier Bréchemier, senior partner au sein du Cabinet Roland Berger.
RFI: Qu'est-ce que ça signifie la fermeture d'un espace aérien exactement ?
Didier Bréchemier : Cela signifie qu'aucun avion ne peut survoler cet espace aérien. Lorsque certaines nationalités ou certaines origines considèrent que l'espace aérien est fermé, eh bien les avions ne peuvent pas survoler le territoire de ce pays.
Concrètement, quelles conséquences cela va avoir sur le Niger ?
Pour le Niger en tant que tel, cela a des conséquences s'il limite le type de pays qui peuvent opérer chez eux. Par contre, l'interdiction du survol du Niger n'a pas d'implications importantes directes pour le Niger, à l'exception des revenus qui sont donnés à chacun des pays qui sont survolés. Donc, il aura une petite perte financière, mais l'enjeu n'est très certainement pas là.
Y aurait-il des répercussions sur d'autres pays de la région ou même des partenaires commerciaux ?
Il y a deux éléments. Le premier, c'est effectivement le fait que les pays alliés ou amis du Niger pourront, si le Niger l'accepte, entrer dans le pays. Mais surtout, il y a l'impact de cette interdiction pour les autres pays d'Afrique sur la limitation de la connexion entre l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est, d'autant plus que la Libye et le Mali ont, elles aussi, des restrictions de survol et que certaines compagnies aériennes les évitent.
Donc, toute cette zone du Sahel va réduire la connectivité et renchérir le transport aérien, car les compagnies aériennes devront voler plus longtemps et donc consommer plus de pétrole, voire même, pour des lignes entre l'Europe et l'Afrique de Sud, se poser pour faire des escales techniques afin de remettre du fioul et du pétrole.
Cette ligne Libye, Niger, Mali qui est en train de se positionner sur l'Afrique va impacter le continent dans les différentes connexions et va impacter aussi les compagnies aériennes africaines et européennes par un renchérissement des billets ou encore par une réduction de certaines fréquences et va donc nuire ainsi, quelque part, à l'ensemble des pays de l'Afrique.