Madagascar: Toliara - Commune urbaine de Toliara - Imbroglio autour d'un projet de démolition d'un édifice public

Le torchon brûle entre Dédé Vita Sidson, maire de la Commune Urbaine de Toliara et Tony Perkins Niainamalala, un des conseillers municipaux. Ce dernier reproche à l'exécutif d'être en conflit d'intérêt voire de perpétrer une malversation dans le processus de démolition du bâtiment de l'ex-direction régionale de l'Economie et des Finances sis à Tsimenatsy en face du Cinéma Tropic.

Pour rappel, cet édifice a été construit depuis 2007, mais n'a jamais été terminé à cause d'un problème de verticalité dans son ossature qui fait qu'il risque de s'effondrer à tout moment, d'après le constat des techniciens à l'époque. Et comme l'entreprise de construction titulaire du marché qui est tenue de réparer cette imperfection ne s'est jamais manifestée, le bâtiment a été laissé à l'abandon. Finalement, des tireurs de pousse-pousse et de cyclo-pousse y ont élu domicile avec leurs familles et d'autres personnes les ont rejoints, ces derniers temps.

Alors que tout semble bien aller jusqu'à présent ; coup de théâtre, 16 ans après les faits : un des membres du conseil municipal nommé Tony Perkins, dénonce dans une interview sur sa page Facebook, le 20 juillet dernier, que le maire lors d'une réunion avec les conseillers municipaux a annoncé en substance, un projet concernant la démolition de l'ex-palais des finances qui a été érigé dans le temps sur un terrain appartenant à la commune anciennement dénommé « Jardin de la commune ». Dans son explication, poursuit-il, le maire a avancé qu'il a fait des démarches pour trouver des solutions afin d'éviter l'irréparable.

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En effet, l'état de cet immeuble constitue une véritable menace publique d'après les expertises qui ont été faites récemment par les techniciens du service de l'aménagement du territoire et le service topographique. Mais toujours dans son explication, il soutient que compte-tenu du coût onéreux de cette démolition qui s'élève à 160 millions d'ariary, la commune ne peut s'acquitter de cette somme et a ainsi trouvé un partenaire pour effectuer les travaux. En contrepartie, cette société peut louer le domaine par contrat de bail emphytéotique de 50 ans renouvelable.

Et c'est cette dernière démarche que Tony Perkins dénonce dans son intervention. « C'est un processus douteux qui privilégie un seul opérateur au lieu de lancer un appel d'offre pour lever toute suspicion de malversation dans cette affaire », clame-t-il. Et pour enfoncer encore plus le clou, hier, il a rameuté plus de 1 500 personnes à la grande salle de spectacle de « Basia » à Tsianaloka, pour clouer au pilori le maire Dédé Sidson et la majorité des conseils communaux dans leurs démarches de se sucrer sur le dos de la commune urbaine de Toliara. « J'accuse le maire et ces quelques conseillers complices d'avoir facilité par le biais d'une délibération, l'octroi à la société chinoise « Great Island Exworth ce contrat de bail. » martèle-t-il.

Joint au téléphone hier, le maire de la Commune Urbaine de Toliara Dédé Vitasoa Sidson dément tout conflit d'intérêt dans ce qu'il a entrepris. « Tout d'abord, il y a urgence car d'après les experts et techniciens qui se sont récemment rendus sur place, les poteaux en béton de ce bâtiment à 2 étages ont été construits avec des fers ronds de 10 mm de diamètre au lieu de 14 pour ce genre de bâtiment. En ce moment, l'inclinaison de cet immeuble prend de l'ampleur, les fissures et cassures des murs s'élargissent et une grande partie de la fondation de base commence à s'écrouler inexorablement », explique-t-il. Et d'ajouter, « pourquoi attendre encore un appel d'offre alors que le danger est imminent. C'est pour cela qu'avec tous les conseillers 14/15 sauf lui [Tony Perkins], nous avons pris nos responsabilités pour sauver des vies humaines ». Et il conclut que « C'est normal que la salle de Basia ait été pleine hier car ce sont les squatteurs et les familles qui vivent dans cet immeuble qui sont venus nombreux pour leurs intérêts personnels. Ils savent que ce bâtiment doit-être évacué le plus tôt possible afin que l'opération de démolition démarre. »

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