Cela a duré des années. « Qu'attendent les responsables ? », se demande la population quotidiennement assoiffée. Faut-il rappeler que les robinets sentent la rouille ? Des familles qui quittent leur demeure pour chercher l'or bleu...
La souffrance dure. Personne n'ose réclamer quoi que ce soit. Les hôtels de place Kabary et ses environs, les lessiveuses de la Scama ainsi que celles de Mahavokatra, tous se plaignent mais les autorités locales font la sourde oreille. Elles mettent tranquillement leurs têtes sur leurs oreillers. Voilà presque 10 ans que Diego-Suarez a soif en étant pourtant situé sur un fleuve.
La grande cascade de Joffreville a-t-elle arrêté de couler ? L'heure est grave. Des pères ont des courbatures à force de trouver de quoi boire. Ô combien de mères ont les muscles fatigués à force de tirer les seaux des puits profonds afin que leurs petits se lavent avant d'aller se coucher la nuit ! Les vacanciers se désolent, réduisent leurs séjours.
Mais, jusqu'ici les intendants ne regardent que leurs toîts où sont placés des réservoirs, sur leur château... d'eau. Une situation maintes fois décrite dans les journaux, la presse locale en parle... Mais, encore une fois, aucun responsable ne lève le petit doigt. Pourtant, les conséquences sont gravissimes : les maladies, l'environnement pollué.
Antsiranana, la ville propre n'est plus qu'un mythe à présent. Les parfums se mélangent avec les odeurs au niveau des aisselles. Dans le bus, tout comme dans le tuk-tuk, les relents se rencontrent. C'est encore pire au marché, les poissons séchés et les crevettes dégagent une puanteur s'associant avec celles qui émanent des commerçants et des clients. Les habitants de la ville du Pain de sucre sont toujours en attente. Ils espèrent qu'un jour l'eau coulera à nouveau dans leurs cuvettes.