La crise du pain continue en Tunisie avec le sit-in devant le ministère du Commerce, lundi 7 août, de près de 200 propriétaires de boulangeries modernes, à l'appel du syndicat Conect. Ils sont en grève depuis le 1er août, en réponse au souhait de Kaïs Saïed qu'ils produisent uniquement la baguette subventionnée, s'ils souhaitent recevoir des quotas de farine subventionnée. Pendant le week-end, le ministère du Commerce a suspendu l'approvisionnement en farine et en semoule de ces boulangeries.
« La baguette, la liberté et la dignité » : le slogan est clair. Lundi 7 août, la baguette subventionnée fait l'objet de bien des conflits en Tunisie au sein des boulangers propriétaires de fournils modernes qui produisent cette baguette, mais aussi des pains spéciaux, contrairement aux boulangeries traditionnelles ou classées qui ne sont, elles, autorisées qu'à faire des baguettes subventionnées.
Kamel Omrani est à la tête du syndicat des boulangeries modernes de Jendouba, dans le nord-ouest du pays. Il confie son inquiétude face à cette période très délicate :
« Honnêtement, la situation n'est pas bonne du tout. Nous sommes tous à l'arrêt, et surtout, l'opinion est désormais montée contre nous. Pourtant, à part nos différences de statut avec les boulangeries traditionnelles, nous travaillons comme eux, nous payons nos taxes. Donc pourquoi monter un secteur contre un autre ? Pourquoi le gouvernement décide de continuer d'aider les boulangeries traditionnelles, et nous, de nous paralyser complètement ? »
Depuis leur grève du 1er août, les boulangeries modernes ne peuvent plus acheter de la farine subventionnée auprès de l'État, selon une décision du ministère du Commerce, qui redirige pour le moment l'approvisionnement en farine vers les boulangeries traditionnelles afin de mieux contrôler les risques de détournement ou la spéculation. Une décision injuste selon Mohamed Jemmali, président du groupement professionnel des boulangeries modernes, auprès du syndicat de la Conect :
« Nous ne sommes pas ceux qui spéculent sur les prix, nous ne sommes pas les cartels du pain. Pour moi, la seule solution, c'est que le président nous écoute comme il a écouté les autres et que nous ayons un dialogue avec lui et le gouvernement. »
Ils sont aujourd'hui près de 1 500 à être menacés, avec près de 15 000 salariés.