La lutte et le basketball ont clôturé, de belle manière, la participation sénégalaise aux 9es Jeux de la Francophonie de Kinshasa. Samedi dernier, au Stade Tata Raphaël, pour la première et au Stade des Martyrs, pour le second, les Lions ont dominé leurs vis-à-vis dans les deux disciplines pour apporter ses dernières récompenses à la délégation. La moisson du jour porte le total à 25 médailles dont 10 en or.
BASKET : Le Sénégal remporte la médaille d'or face au Cameroun (78-54)
KINSHASA (RDC) - Au Gymnase du Stade des Martyrs, le Sénégal a remporté, samedi dernier, son deuxième titre dans le tournoi de basket des Jeux, après l'édition de 1997 où Mame Maty Mbengue et compagnie étaient à l'oeuvre à Antananarivo (Madagascar). L'équipe nationale U25 a battu en finale par 78 à 54 le Cameroun dont l'espoir de médaille dans ce match n'a duré qu'une mi-temps au moment où leurs adversaires avaient encore du mal à entrer dans le match. Après un premier quart très disputé (18-17) pour les « Lionnes », l'écart s'est un peu creusé à la mi-temps avec les « Lionnes » qui menaient de quatre points (36-32). Mais les partenaires de Ndioma Kane, auteure de 19 points, ont pris les choses en main au retour des vestiaires. Avec une plus grande efficacité, mais également une présence sous la raquette pour prendre les rebonds offensifs (31) comme défensifs (20). C'est donc par 25 à 17 que les « Lionnes » ont remporté le troisième quart temps avant de dominer littéralement leurs vis-à-vis dans l'ultime virage remporté de 12 points (17-5) pour s'imposer en fin de compte de 24 points (78-54).
Une baisse de forme au fur et à mesure que la partie se déroule, que la coache camerounaise explique par un relâchement vers la fin du match. « Le Sénégal était très présent sous la raquette parce qu'il a des joueuses de grandes tailles. Contrairement au Cameroun qui était plus à l'extérieur parce que l'équipe a des joueuses très techniques », a déclaré T. Lonteu.
En face, El Hadj Diop a souligné la détermination avec laquelle ses joueuses ont abordé la compétition qu'elles voulaient remporter à tout prix, malgré une courte période de préparation. « Le match était difficile au départ parce que la plupart des filles étaient crispées. Elles étaient un peu hésitantes sur le dernier geste, ce qui est normal parce que c'était leur première finale. On leur a ensuite parlé pour les faire revenir dans le match. Et en deuxième mi-temps, elles ont assuré », a soutenu le coach sénégalais.
La troisième place du tournoi de basket a été remportée par Madagascar qui a battu, en match de classement, le Liban par 69 à 63 pour s'adjuger la médaille de bronze.
EL HADJ MAMOU THIAM DIOP, ENTRAINEUR
« On a tout fait pour monter une équipe compétitive »
Le Sénégal a survolé le tournoi de basket des Jeux de la Francophonie qui se sont déroulés à Kinshasa, en Rdc, avec cinq victoires en autant de sorties. Une satisfaction pour l'entraineur, El Hadj Diop pour qui, la victoire est l'aboutissement d'un cycle. « C'est un sentiment de joie et beaucoup de fierté. Ce n'était pas du tout facile avec la courte durée de préparation que nous avons eue. Les filles se sont bien battues et on vient de remporter la médaille d'or. C'est un travail qui a été fait par la direction technique que je remercie. Je n'ai fait qu'accompagner l'équipe. On a tout fait pour monter une équipe compétitive pour retrouver le sommet du basketball africain et francophone », a-t-il souligné.
Les U25 ont gagné à Kinshasa après la défaite de leurs ainées à Kigali, en finale de l'Afrobasket féminin « Fiba 2023 ». Le technicien de faire ainsi noter que « ces deux finales montrent que le basket sénégalais est en train de renaître. Et si on voit cette équipe qui est venue ici, on peut dire que la relève est assurée. Maintenant, ce qu'on demande, c'est qu'on puisse continuer le travail pour que d'ici quelques années, on puisse voir le basket retrouver le sommet de la discipline en Afrique ». M. Diop dit apprécier le soutien des autorités étatiques et fédérales qui « nous ont mis dans d'excellentes conditions de préparation pour arriver à ce résultat, malgré les débuts difficiles. On était venu ici pour la médaille d'or parce qu'on estime que cette équipe la méritait », a-t-il fait savoir.
LUTTE AFRICAINE
Le Sénégal conserve son titre face au Niger
En lutte africaine (sur sable), les Lions ont clôturé, samedi dernier, la compétition avec 8 médailles dont quatre titres. Pour le trophée acquis par équipes en finale, il a fallu que le Sénégal s'illustre avec panache pour se défaire de son adversaire dans une partie mal engagée. Après deux défaites concédées lors des deux premiers combats (Babacar Diène, battu par Bakoye Bajini, puis Mamadou Diouf, défait par M. Issa Saley), la réaction était attendue pour remettre les « Lions » dans le match. C'est donc dans un sursaut d'orgueil que Siny Sembène a battu Mahaman Ibrahim avant que Gora ne domine Hassane Salou pour rétablir, ainsi, l'égalité (2-2). Il revenait alors au capitaine d'équipe, Modou Faye "Ordinateur", la charge ou l'insigne honneur de donner le point décisif à son équipe. Ce à quoi, il s'est brillamment acquitté en dominant Zakari Abdourahamane chez les plus de 100 kg, au bout d'un combat qui aura tout de même duré 4'17. Avec ce succès, les « Lions » conservent leur titre acquis il y a six ans à Abidjan. Ce dernier combattant va d'ailleurs remporter l'or en individuels pour porter ses titres à trois dans ces Jeux, après l'or en lutte libre. Il a ensuite fait chuter, samedi dernier, le Tchadien Idriss Bousseina en individuels chez les +100kg. Il sera imité dans ses performances par Mamadou Diouf qui, après le combat par équipe, a, à nouveau, dominé le Nigérien Issa Saley pour s'adjuger l'or dans la catégorie des -76kg. Gora Niang a également joué sa partition avec un titre chez les -100 kg face au Togolais alaza Sayibia.
En plus de ces titres, trois autres médailles sont entrées dans l'escarcelle de l'Ecurie Sénégal. D'abord, l'argent remporté plus tôt dans la journée par Mariata Diallo qui avait perdu sa finale chez les -58kg face à la Marocaine Zined Hassoune. Les médailles de bronze sont remportées par Mama Marie Sambou, victorieuse de l'Ivoirienne Gnèle Tinnin Traoré chez les -53kg, alors que Babacar Diène a disposé du Kiné-Congolais Mbelenge Loboko. Siny Sembène a également joué sa partition en remportant le bronze (-86kg) au terme d'un combat où son adversaire burkinabé (Kevin Mosse) s'est blessé. Les Lions de la lutte contribuent ainsi, avec les breloques amassées sur le tapis, pour 13 récompenses dont 6 titres pour le Sénégal.
TABLEAU DES MEDAILLES
Le Sénégal termine 4e avec 25 médailles
La délégation sénégalaise rentre de Kinshasa avec 25 récompenses glanées sur leurs différents théâtres d'opérations. Et comme il y a six ans, à Abidjan, le Sénégal a remporté 10 titres lors des compétitions en sports et dans les concours culturels. Autre similitude avec les précédents jeux, c'est la lutte qui a été la plus grande pourvoyeuse de médailles pour le camp sénégalais. Avec l'athlétisme et le basket, « le sport de chez nous » a fait retentir l'hymne national dans le gymnase, puis à l'arène du Stade Tata Raphaël à six reprises, en plus des autres médailles glanées. Une prouesse pour ce sport de combat au moment où l'athlétisme a remporté trois médailles d'or et le basket, une. Les neuf médailles d'argent ont été remportées par l'athlétisme (5), la lutte (2), la peinture et le Hip-Hop qui comptent une médaille chacun. Pour le bronze, cinq récompenses ont été attribuées à la lutte et une autre au judo.
Le Sénégal se place donc au pied du podium où trône le Maroc dont les athlètes et artistes ont été sacrés à 23 reprises en plus de 16 médailles d'argent et 19 en bronze, soit un total de 58 récompenses. La Roumaine occupe la deuxième place avec 38 médailles (17 or, 9 argent et 12 bronze). Le Cameroun complète le podium avec 40 récompenses (13-13 et 14).
À noter que toutes les délégations présentes à Kinshasa ont obtenu des médailles, même si trois d'entre elles n'ont pas remporté l'or (Canada Nouveau-Brunswick, Guinée Equatoriale et Vietnam).
ZEINA MINA, DIRECTRICE DU COMITÉ INTERNATIONAL DES JEUX DE LA FRANCOPHONIE
« Malgré les incertitudes, le pays hôte a relevé le défi »
KINSHASA (RDC) - Les rideaux sont tombés, hier, sur les 9es Jeux de la Francophonie, à Kinshasa. Un rendez-vous initialement prévu en 2021 qui a bien eu lieu après deux reports. À l'heure du bilan de la dizaine de compétitions sportives et culturelles, les responsables de la Francophonie estiment que l'évènement a connu un franc succès. Avec plus de 3500 participants, Zeina Mina, directrice du Comité international des Jeux estime que le pays a relevé le défi de l'organisation. « Malgré toutes les difficultés rencontrées, les inquiétudes, toutes les incertitudes autour de cette édition et les deux reports, nous avons eu un taux de participation qui, approximativement, s'approche de la précédente édition qui a eu lieu à Abidjan. Ça c'est le bilan final », s'est-elle félicitée.
Mme Mina a, en outre, souligné que le pays hôte a relevé le défi et a réussi à organiser et à livrer les Jeux avec l'accompagnement de l'Organisation internationale de la Francophonie (Oif). En accueillant le monde francophone, les populations kinoises ont vécu une ferveur indescriptible durant dix jours. « Ce qui me frappe, ce sont les gens autour des sites qui se bousculent pour rentrer juste pour voir quelque chose de nouveau. Donc, l'État doit mettre vraiment à profit tout ce qui a été mis en place, toutes ces infrastructures à développer et à mettre à la disposition de la jeunesse congolaise », a préconisé la directrice du Cijf.
Malgré cette réussite, elle n'a pas manqué de relever quelques impairs. Avec notamment, plusieurs délégations qui ont annulé leur participation en raison de l'incertitude qui régnait sur la livraison des chantiers dans les temps. « Je n'ai pas de jugement à porter sur leur décision, chacun est libre de participer ou pas. Mais je peux comprendre le désistement de certains athlètes parce qu'il y avait des incertitudes sur la livraison des chantiers. Les grandes délégations se préparent à l'avance, cela demande une logistique, les sportifs dépendent de leur club, de leur fédération, des participations internationales », a estimé Zeina Mina. Elle souligne que plus que des compétitions et des concours, les Jeux de la Francophonie s'inscrivent dans un projet social. Leur organisation ayant permis de former des ressources humaines, des arbitres, des juges, des gens en évènementiel, de développer des infrastructures, d'impulser des stratégies de développement, des programmes d'éducation physique.
Une foule immense à Kinshasa pour la fin des festivités
AFP- Une foule immense s'est massée dimanche dans le quartier du stade des Martyrs de Kinshasa où un match de foot suivi d'une cérémonie de clôture devaient marquer la fin des 9e jeux de la Francophonie, après dix jours d'un événement international sur lequel la RDC espère capitaliser pour redorer son image. « Aussi bien le stade des Martyrs (d'une capacité de 80.000 places) que le palais du Peuple (siège tout proche du Parlement) débordent de monde », ont indiqué en début de soirée dans un communiqué les organisateurs des jeux, en demandant aux Kinois de ne plus tenter de se rendre dans ce secteur et de suivre la cérémonie à la télévision.
Dès l'après-midi, face à un service d'ordre débordé, le quartier était envahi de dizaines de milliers de personnes dont beaucoup n'ayant pu accéder au stade pour le match final entre le Cameroun et le Burkina Faso, se dirigeaient vers le palais du peuple, espérant y trouver un concert ou une autre activité, a constaté une équipe de l'AFP. Les jeux de la Francophonie, ouverts le 28 juillet, ont suscité un énorme engouement parmi la population de Kinshasa, plus grande ville francophone au monde avec environ quinze millions d'habitants. « De façon générale tout se passe bien », s'était félicité vendredi soir le directeur du comité national des jeux, Isidore Kwandja, tout en reconnaissant des difficultés « au début ».
3.500 participants, dont 1.810 sportifs et artistes
Le manque d'eau dans certains logements, la file d'attente au réfectoire, les transports compliqués... Certaines délégations se sont plaintes dès leur arrivée. Les problèmes logistiques ont été gérés sinon réglés peu à peu et n'ont pas empêché la tenue des jeux dans des conditions qui ont étonné en premier lieu les Kinois eux-mêmes, habitués à des infrastructures délabrées, aux « tracasseries » policières et aux rues jonchées de détritus. Souvent en famille, ils se sont bousculés pour, moyennant 2.500 francs (environ 1 dollar) par personne, assister à des épreuves d'athlétisme, de lutte, de judo, de basket ou de tennis de table, dans des stades et gymnases réhabilités ou construits spécialement pour ces jeux.
Vingt disciplines au total, sportives et culturelles, étaient au programme. Le Maroc arrive en tête de la moisson de médailles, avec près d'une soixantaine, suivi de la Roumanie et du Cameroun, avec une quarantaine. Plusieurs records de la Francophonie ont été battus en athlétisme. Selon Zeina Mina, directrice du Comité international des jeux de la Francophonie (CIJF), cette édition des jeux, créés en 1989 et organisés en principe tous les quatre ans, a enregistré plus de 3.500 participants, dont 1.810 sportifs et artistes ayant pris part aux compétitions. Trente-sept pays étaient représentés. Le défi a été « relevé », cela fait partie du « miracle congolais », dit-elle. Un miracle, car jusqu'à leur ouverture, le doute a subsisté sur la tenue effective des jeux qui auraient dû avoir lieu en 2021 mais ont été reportés deux fois, d'abord à cause du Covid-19, puis en 2022 parce que rien n'était prêt pour les accueillir.
(Envoyé spécial)