Madagascar: Début de méfiance des Antankarana vis-à-vis des Français

En 1846, débarque à Nosy Be, Tsimandroho, l'ancien gouverneur recruté par l'autorité merina pour diriger la province de Vohémar. Il s'agit du deuxième fils de Boana Maka.

Ce dernier est l'arrière-petit-fils d'Andriamahatindriarivo, plus connu par les Sakalava bemazava sous son nom posthume, Andriantompoeniarivo. À l'instar de Tsimiaro et de Tsiomeko, (lire précédente Note), Tsimandroho cède à la France ses terres, ses villages et se fixe dans l'ile de Nosy Be, à Antafondro où il est assassiné, le 27 février 1851, par des hommes à la solde du gouverneur merina d'Anorontsangana.

Sa fille cadette, Tsiresy, est élue reine des Sakalava bemazava. Elle quitte Antafondro pour établir la résidence royale à Ambatomitatao, à la pointe Nord-Ouest de la presqu'ile d'Ankify. Elle est la grand-mère du roi Tsiaraso Ier. À la suite de la signature des actes de cession, les Antankarana et les Sakalava comptent sur l'arrivée des troupes françaises pour les aider à chasser les Merina de leurs royaumes. Pourtant, les promesses verbales du capitaine Passot n'ont pas été mentionnées dans les traités.

Selon Cassam Aly Ndandahizara, inspecteur principal des Impôts, dans son étude sur Ambalavelona ou l'insurrection anticoloniale dans le Nord-Ouest de Madagascar en 1898, en effet, il n'y est fait aucunement mention d'aide ni d'apport de troupes, d'armes, de munitions. Les termes de l'arrêté, en date du 3 février 1841, signé par de Hell, gouverneur de l'ile Bourbon, traduisent déjà l'intention du gouvernement français, mais Tsiomeko ou ses conseillers, dans la situation désespérée où ils se trouvent, ne s'en aperçoivent pas.

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L'auteur de l'étude en donne un extrait. «Considérant que les droits de la France sur Madagascar et les iles qui en dépendent, résultent de l'antériorité de sa prise de possession et de son occupation d'une partie de cette grande ile, à une époque où les autres nations n'entretenaient que peu ou point de relations avec ces pays et n'y avaient aucun établissement stable ; que la France n'a jamais renoncé à ses droits à cet égard, puisqu'elle les a invoqués et proclamés toutes les fois que les circonstances l'ont exigé ; que, de même que l'Angleterre fonde son droit de souveraineté sur le continent de la Nouvelle Hollande sur ce fait de la prise de possession par elle de Botany-Bay, de même on ne saurait contester à la France la souveraineté de toute l'ile de Madagascar, par application du même principe et en conséquence de la prise de possession et de l'occupation par elle de diverses parties de la côte Est, notamment du Fort-Dauphin, de Foulpointe, Tamatave, la baie d'Antongil, etc.

Il en résulte que la cession faite par la reine des Sakalaves et les chefs placés sous son autorité ne peut être considérée que comme une nouvelle reconnaissance des droits antérieurs de la France sur cette partie de Madagascar, précédemment ou actuellement occupée par la tribu des Sakalaves. »

Pourtant, dans les actes de cession par Tsimiaro et Tsimandroho, on retrouve « les mêmes cris » de supplication, d'engagement : « Quiconque sera l'ennemi du Grand Roi, sera le nôtre, et nous emploierons nos armes contre lui ; quiconque sera son allié, sera le nôtre, et nous l'aiderons de tous les moyens en notre pouvoir. » Dès l'année de la signature du traité, à cause de certaines attitudes de Gouhot, commandant particulier de Nosy Be, la reine Tsiomeko s'installe dans le centre de l'ile. Rappelé à l'ile, Bourbon, Gouhot est remplacé par le capitaine Passot.

La méfiance des Antankarana envers les Français augmente davantage, lorsque Passot ordonne la confiscation de leurs armes. De son côté, Tsimiaro, constatant l'incapacité des Français de porter secours au peuple antankarana, mène seul, à partir de 1842, des attaques contre les envahisseurs merina. Partant des iles de Nosy Mitsio, de Nosy Faly et de Nosy Be, les Antankarana sèment la terreur parmi les troupes merina qui sont obligées de se cantonner dans leurs camps d'Ambohimarina, près de la baie d'Antomboko (Diego-Suarez) et d'Ambodivoanio (Vohémar). De 1842 à 1844, Tsimiaro contrôle presque l'ensemble du Nord, les troupes merina, très affaiblies, ne recevant aucun renfort d'Antananarivo.

Ces incursions étaient dirigées contre tout qui ce qui est merina et étranger. À Vohémar, des Européens et autres étrangers sont aussi les cibles des Antankarana. Ils se plaignent alors auprès du commandant particulier de Nosy Be. Ce qui vaut à Tsimiaro des reproches et des mises en garde venant de Nosy Be, mais injustifiées pour ce dernier.

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