Niger: La sous-secrétaire d'État par intérim, Victoria Nuland, sur la situation au pays

interview

M. Patel : Bonjour à toutes et à tous. Bonjour et merci beaucoup de vous être joints à nous aujourd’hui, surtout en dernière minute. Je vais vous donner rapidement quelques règles de base. Les propos de cet appel seront officiels. Ils seront soumis à un embargo jusqu’à la fin de l’appel. La sous-secrétaire d’État par intérim, Victoria Nuland, est avec nous aujourd’hui. Je lui cède la parole dans un instant, après quoi nous aurons un peu de temps pour une brève session de questions/réponses. Mais la sous-secrétaire doit se rendre à l’aéroport, nous allons donc faire en sorte de limiter la durée de l’appel.

Madame la sous-secrétaire, c’est à vous.

Sous-sécretaire Nuland : Merci, Vedant. Bonjour à tous, de Niamey. Comme certains d’entre vous le savent peut-être, il s’agit de ma troisième visite au Niger depuis deux ans que je suis sous-secrétaire chargée des Affaires politiques et maintenant sous-secrétaire par intérim. Le secrétaire était ici en mars. Ce niveau d’attention reflète la valeur que nous accordons à cette relation bilatérale et l’énorme quantité de travail que nous accomplissons ensemble pour soutenir et renforcer l’économie, la prospérité, les espoirs, la sécurité et tout ce que nous faisons ensemble dans la lutte contre le terrorisme.

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Et tout cela est enraciné dans nos valeurs communes, y compris le sens de la démocratie, ce qui explique pourquoi il était si difficile, et reste difficile, de voir l’obstacle actuel à l’ordre démocratique qui a commencé le 26 juillet. Comme vous l’avez vu, le secrétaire a appelé à plusieurs reprises le président élu du Niger, le président Bazoum, pour s’assurer de son bien-être et pour parler de la voie à suivre. Il est également en contact régulier avec le président du Nigeria, M. Tinubu, qui dirige actuellement la CEDEAO, avec le président de l’UA, M. Faki, et avec un certain nombre d’alliés européens avec lesquels nous travaillons au Niger, en particulier dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. La secrétaire adjointe Mme Phee a également travaillé sans relâche avec notre chargé et notre équipe ici à Niamey.

Le secrétaire m’a demandé de faire ce déplacement, comme vous le savez peut-être j’étais dans la région la semaine dernière puis à Djeddah, parce que nous voulions parler franchement aux personnes responsables de cet obstacle à l’ordre démocratique pour voir si nous pouvions essayer de résoudre ces questions diplomatiquement, si nous pouvions entamer des négociations, et aussi pour établir très clairement ce qui est en jeu dans notre relation, l’aide économique et d’autres types de soutien que nous devrons légalement interrompre si la démocratie n’est pas rétablie. Vous avez probablement vu que nous avons déjà dû suspendre notre aide.

Aujourd’hui, nous avons donc eu l’occasion de nous asseoir avec un large échantillon de la société civile nigérienne. Il s’agit d’amis de longue date des États-Unis. Ce sont des journalistes. Ce sont des militants démocratiques. Ce sont des militants des droits de la personne. J’avais déjà rencontré un certain nombre d’entre eux lors de précédents déplacements, tout comme le secrétaire. Nous avons donc eu un échange franc sur la situation ici.

Nous avons ensuite rencontré le chef autoproclamé de la défense de cette opération, le général Barmou, et trois des colonels qui le soutiennent. Je dirai que ces conversations ont été extrêmement franches et parfois assez difficiles parce que, une fois encore, nous poussions à une solution négociée. Il n’a pas été facile d’obtenir une adhésion dans ce domaine. Ils sont très fermes sur la façon dont ils veulent procéder, et cela n’est pas en accord avec la constitution du Niger. Là encore, nous avons été très francs sur les enjeux. La porte reste ouverte, pour continuer de parler. Mais encore une fois, c’était difficile aujourd’hui, et je serai franche à ce sujet.

Par ailleurs, nous avons demandé, avant notre arrivée et tout au long de la journée, à pouvoir rencontrer le président Bazoum afin de connaître son point de vue directement, nous lui avons parlé au téléphone, mais nous ne l’avons pas vu, et cela ne nous a jamais été accordé. Nous avons également demandé des témoignages quant à sa santé et à son bien-être ; il se trouve dans une situation très difficile, dans le cadre d’une assignation à résidence, avec son fils et sa femme. J’espère que, dans la période à venir, les responsables de la situation actuelle reviendront sur ces demandes. Nous n’avons pas non plus eu l’occasion de voir le président autoproclamé, M. Tiani. Nous avons donc dû nous en remettre à M. Barmou pour expliquer clairement, une fois de plus, ce qui est en jeu.

Il s’agit donc d’une mission difficile, mais nécessaire du point de vue de l’intérêt américain à essayer de voir si cette situation très difficile peut être résolue par la voie diplomatique. Permettez-moi de m’arrêter là.

M. Patel : Merci beaucoup, Madame la sous-secrétaire. Opérateur, pouvez-vous nous rappeler les instructions pour entrer dans la file d’attente des questions ?

Opérateur : Je vous remercie. Pour entrer dans la file d’attente des questions, appuyez sur 1 puis sur 0.

M. Patel : D’accord. Prenons d’abord l’appel de Shaun Tandon, de l’AFP.

Question : Bonjour, merci, Toria, pour ce point presse. Puis-je vous demander s’il y a eu un quelconque engagement en faveur de la poursuite des négociations ou si vous y voyez une opportunité, si vous voyez une avancée dans ce domaine ? Et pourriez-vous voir, pourriez-vous dire le ton général en termes de ce qu’ils, ce que les dirigeants de la junte recherchent en termes de relations avec les États-Unis, s’ils sont réceptifs, et aussi si vous avez abordé les relations avec la Russie, le cas échéant ? Je vous remercie.

Sous-sécretaire Nuland : Écoutez, le ton général, Shaun, était professionnel. Nous avons retroussé nos manches. Je ne me souviens pas exactement, mais je crois que nous sommes restés dans la pièce avec le général Barmou et son équipe pendant plus de deux heures, et qu’il y a eu des conversations parallèles. Après cela, j’espère qu’ils garderont la porte ouverte à la diplomatie. Nous avons fait cette proposition. Nous verrons bien. Comme je l’ai dit, ils ont leurs propres idées sur la manière de procéder. Leurs idées ne sont pas conformes à la constitution, et nos relations seront difficiles si c’est la voie qu’ils empruntent. Mais nous leur avons donné un certain nombre d’options pour continuer à parler et nous espérons qu’ils en tiendront compte.

Bien entendu, j’ai soulevé la question de Wagner et de la menace que ça représente pour les pays où ce groupe est présent, en leur rappelant que la sécurité se dégrade, que les droits de la personne se dégradent lorsque Wagner est dans le pays. Je ne dirais pas que nous en avons appris beaucoup plus sur leur façon de penser à ce sujet.

M. Patel : Passons maintenant à la question de —

Sous-sécretaire Nuland : (Inaudible.)

M. Patel : Oh, allez-y. Poursuivez.

Sous-sécretaire Nuland : Désolée, Vedant. En ce qui concerne le – en ce qui nous concerne, il est intéressant de noter que le général Barmou, l’ancien colonel Barmou, est quelqu’un qui a travaillé en étroite collaboration avec les forces spéciales des États-Unis pendant de très nombreuses années. Nous avons donc pu examiner en détail les risques qui pèsent sur les aspects de notre coopération auxquels il est historiquement très attaché. Nous espérons donc que cela sera bien compris.

M. Patel : Passons maintenant à la question d’Andrea Mitchell.

Question : Merci beaucoup pour ce point de presse, et merci pour votre mission. Je ne sais pas si vous pensez qu’un rôle de médiateur formel serait approprié à ce stade ou si c’est ce que vous faites dans les faits ou en substance, et si cela pourrait être constructif, quelles sont les prochaines étapes que vous pensez devoir franchir. Pensez-vous maintenant, après vos conversations, qu’il s’agit d’un coup d’État de facto et que les États-Unis veulent prendre les prochaines mesures pour interrompre officiellement l’aide, en supposant que vous les ayez prévenus de cette possibilité ? Mais cela serait-il juridiquement nécessaire ?

Au-delà de Wagner, avez-vous constaté d’autres mesures diplomatiques de la part de la Russie pour tenter de s’immiscer au Niger ? Merci beaucoup.

Sous-sécretaire Nuland : Je pense que ce sont trois questions, Andrea, mais nous allons y répondre. Tout d’abord, il s’agissait d’une première conversation au cours de laquelle les États-Unis offraient leurs bons offices. S’il y a une volonté de la part des responsables de revenir à l’ordre constitutionnel, nous sommes prêts à apporter notre aide. Nous sommes prêts à répondre aux préoccupations des uns et des autres. Je ne dirais pas que cette offre a été suivie d’effet, mais j’espère qu’ils y réfléchiront.

De toute évidence, nous en sommes au stade où notre aide est suspendue. Il y a… il y a encore beaucoup de mouvement de part et d’autre, en ce qui concerne l’évolution de la situation en matière de gouvernance. Nous suivrons donc cela de près et il y a un certain nombre de réunions régionales à venir et de consultations avec les alliés et les partenaires que nous devons mener. Nous suivrons donc la situation, mais nous sommes conscients de nos responsabilités légales et je les ai expliquées très clairement aux personnes responsables de ce dossier. Nous ne souhaitons pas en arriver là, mais ils pourraient nous y pousser, et nous leur avons demandé d’être prudents à cet égard et d’écouter notre offre d’essayer de travailler avec eux pour résoudre ce problème de manière diplomatique et revenir à l’ordre constitutionnel. C’est tout ce que je peux dire à ce stade.

En ce qui concerne Wagner, vous aurez vu la fanfaronnade de Prigojine à Saint-Pétersbourg. Je dirai que j’ai eu l’impression, lors de mes rencontres d’aujourd’hui, que les personnes qui ont mené cette action comprennent très bien les risques pour leur souveraineté lorsque Wagner est invité dans le pays.

Vedant, je dois prendre l’avion. Je vous remercie pour ce point de presse.

M. Patel : Oui, madame. Je vous remercie toutes et tous de vous être joints à nous. Comme l’a dit la sous-secrétaire, elle doit partir. Pour rappel, cet appel était officiel et l’embargo est désormais levé. Nous nous reparlerons très bientôt.

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