Des sources diplomatiques contactées par La Presse assurent que la communauté tunisienne n'est pas très nombreuse au Niger comparée à d'autres pays subsahariens.
Celle-ci comprend, notamment, des ingénieurs et employés d'organisations internationales. « Les efforts, par des canaux consulaires installés à Ouagadougou, au Burkina Faso, se poursuivent pour assurer, au moins, deux autres vols de rapatriement des Tunisiens. »
La situation se complique au Niger. Il y a quelques jours, un groupe de putschistes a renversé le régime en place. En 2021, déjà et deux jours avant l'investiture de Mohamed Bazoum, le président du Niger renversé, sa garde présidentielle avait déjoué une tentative de coup d'État orchestrée par des éléments de l'armée. Dans la nuit du mercredi 26 juillet, c'est cette même garde qui annonce la destitution du président Mohamed Bazoum, après l'avoir retenu en otage avec son épouse. Les informations qui proviennent de pays de l'Afrique de l'Ouest restent très confuses, pour l'heure, alors que le scénario d'une intervention étrangère armée se fait toujours insistant.
En effet, dans un nouveau coup d'Etat, qui relève presque de l'ordinaire dans cette partie de la planète, des membres de la garde présidentielle ont annoncé via des médias publics avoir pris le pouvoir et destitué le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement en avril 2021. Selon le communiqué : «Nous, Forces de défense et de sécurité (FDS), réunies au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez», a expliqué Amadou Abdramane, un colonel putschiste, cité par des médias occidentaux.
Ils disent avoir organisé ce coup d'État à cause «de la dégradation de la situation sécuritaire, de la mauvaise gouvernance économique et sociale» du pays. Sauf que ces « explications » n'ont pas convaincu la communauté internationale et encore moins les pays voisins. Pas plus que l'Union africaine, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Union européenne ainsi que des partenaires majeurs du pays comme les États-Unis et la France qui ont dénoncé immédiatement et fermement toute « prise de pouvoir par la force et d'atteinte à la gouvernance démocratique, à la paix et à la stabilité au Niger ».
Soutien de la Tunisie à l'autorité légitime
Pour sa part, la Tunisie a exigé, au lendemain du putsch militaire, le respect de la légitimité au Niger et la libération du président du pays, Mohamed Bazoum. La Tunisie a dit suivre avec inquiétude les développements dangereux sur la scène nigérienne et a exprimé son «soutien à l'autorité légitime, démocratiquement élue», appelant à «la libération immédiate du président de la République, Mohamed Bazoum, et de tous les détenus sans condition, et au respect de l'État de droit et au retour à la stabilité et la sécurité». Tous ces appels internationaux n'ont pas dissuadé les putschistes, alors que le risque d'une intervention étrangère fait craindre le pire.
La France, pays occidental le plus impacté par cette crise -- en effet la stabilité du Niger s'avère une priorité pour Paris étant donné que 10 à 15% des besoins français en uranium sont pourvus par le complexe minier nigérien --, a exclu, pour l'heure, une intervention armée. En revanche, prévient samedi dernier Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères, la junte militaire «ferait bien de prendre la menace d'une intervention militaire par une force régionale très au sérieux». Pour sa part, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest a menacé d'intervenir militairement, si le président élu Mohamed Bazoum n'est pas réinstallé d'ici dimanche au lundi 7 août. L'ultimatum a désormais expiré.
Quid de la communauté tunisienne ?
Alors que la Tunisie a pu rapatrier, jusque-là, quelque 120 de ses ressortissants qui ont décidé de quitter la capitale Niamey, des efforts se poursuivent pour rapatrier les Tunisiens souhaitant quitter le Niger. Des sources diplomatiques contactées par La Presse assurent que la communauté tunisienne n'est pas très nombreuse au Niger comparée à d'autres pays subsahariens.
Celle-ci comprend, notamment, des ingénieurs et employés des organisations internationales. « Les efforts, par des canaux consulaires installés à Ouagadougou (Burkina Faso), se poursuivent pour assurer, au moins, deux autres vols de rapatriement des Tunisiens. Nous suivons de près la situation sécuritaire », nous a-t-on expliqué, ajoutant que la communauté tunisienne se porte bien. Et de préciser que la fermeture de l'espace aérien du Niger par les groupes qui ont pris le pouvoir complique davantage cette mission.
Il faut rappeler que le ministère du Transport a annoncé, en effet, le rapatriement de 120 personnes de Niamey à bord du vol de Tunisair n°TU390. De même, le ministère des Affaires étrangères a appelé les ressortissants tunisiens au Niger à rester en contact avec la mission diplomatique tunisienne à Ouagadougou «afin de faciliter leur rapatriement dans les meilleures conditions et les plus brefs délais».
« Ce coup d'État de trop »
Le Niger, qui se retrouve entre les mains des putschistes depuis le 26 juillet, retient son souffle et attend de voir si les dirigeants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest exécutent leur menace d'une intervention armée, comme cela a été annoncé. Les dirigeants de la Cédéao devraient se réunir jeudi prochain au Nigeria.
Dans ce contexte confus qui risque de dégénérer à tout moment, le Sénégal s'est dit prêt à participer si la Cédéao décide d'une telle action : «Les militaires sénégalais, pour toutes ces raisons, vont y aller», a déclaré récemment la ministre sénégalaise des Affaires étrangères en évoquant ce «coup (d'État) de trop».
La Côte d'Ivoire pourrait également intervenir, selon les informations données par une source proche de la délégation ivoirienne à Abuja à l'agence AFP. Alors que cette éventuelle intervention militaire est soutenue par la France qui a vu ses intérêts menacés, d'autres pays occidentaux, comme l'Italie mais aussi la Russie, privilégient la voie diplomatique.