Après le coup d'État au Niger, 94 sénateurs français ont adressé une lettre ouverte au président Emmanuel Macron, publiée par le quotidien Le Figaro lundi 7 août, où ils regrettent « l'échec de l'opération Barkhane » et « l'effacement de la France » en Afrique. Les signataires, menés par les LR Roger Karoutchi, Bruno Retailleau et Christian Cambon, demandent au président de revoir sa stratégie. Mais pour le ministre des Armées Sébastien Lecornu, l'opération qui stationnait en partie au Niger n'est « pas un échec ».
« Aujourd'hui le Niger, hier le Mali, la Centrafrique, le Burkina Faso ont rejeté la France, les forces françaises, les entreprises françaises », soulignent les sénateurs LR Roger Karoutchi, Bruno Retailleau et Christian Cambon dans leur lettre signée par 94 parlementaires et publiée par Le Figaro.
Avec 1 500 militaires sur place, le Niger constitue le pivot du dispositif anti-jihadiste français au Sahel depuis le départ contraint du Mali à l'été 2022, dont les soldats faisaient partie de l'opération Barkhane, qui a pris fin en novembre. Mais les putschistes ont dénoncé à Niamey plusieurs accords militaires conclus avec la France, dont certains concernent notamment le « stationnement » du détachement français et le « statut » des militaires présents dans le cadre de la lutte anti-jihadiste.
« À nos dépens, après l'échec de l'opération Barkhane, voilà les milices (du groupe russe) Wagner, peu sourcilleuses des droits humains ou de démocratie, mais parfaitement disponibles pour tous les dictateurs ou les dirigeants se maintenant au pouvoir en coalisant leurs populations contre l'ancienne "puissance coloniale" », déplorent MM Karoutchi, Retailleau et Cambon, respectivement premier vice-président du Sénat chargé des relations Internationales, président du groupe Les Républicains au Sénat et président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, ainsi que leurs co-signataires.
Ils appellent à remettre à plat la politique de la France en Afrique, sans pour autant faire de propositions.
00:37 Pour le sénateur Les Républicains Roger Karoutchi, l'un des auteurs de cette lettre, «nous n'avons pas fait suffisamment d'efforts pour faire en sorte que la jeunesse africaine comprenne la France»: «l'échec est politique».
Le gouvernement refuse de parler d'un « échec »
« Je ne peux pas laisser dire que l'opération Barkhane a été un "échec" », a réagi le ministre français des Armées Sébastien Lecornu dans une déclaration transmise à des journalistes lundi soir, quelques heures après la publication de la lettre ouverte. « Notre armée n'a eu de cesse de faire reculer les groupes terroristes au Sahel, sauvant des milliers de vies sur place et protégeant celles des Français des menaces d'attentats sur notre sol », dit-il.
« Barkhane n'a pas été un échec : c'est une faute de dire cela », martèle Sébastien Lecornu, tout en soulignant qu'il y a « bien entendu des leçons à en tirer, comme pour toutes les crises et pour toutes les opérations militaires ».
00:43 Mais Thomas Gassilloud, député Renaissance et président de la commission défense à l'Assemblée, reconnaît lui que «les succès tactiques de Barkhane ne suffisent pas», et les «résultats ne seront pas au rendez-vous».