Madagascar: La guerre d'Andriparipa anéantit les troupes merina

Vers la moitié du XIXe siècle, dans le territoire même des Français, à Antafondro (Nosy Be), Tsimandroho, le roi des Sakalava bemazava, est assassiné par les hommes de Tsimiaro qui s'insurge contre les Merina et tous les étrangers. Sa fille Tsiresy, elle-même, est obligée de quitter ce lieu pour Ankify, territoire sous l'occupation merina, et d'accepter le drapeau de la royauté d'Antananarivo. De même, la reine Safy Mozongo, le successeur « légitime» de Tsiomeko, n'est pas autorisée, par les Français, à résider à Nosy Be, et, après sa mort, sa fille Binao aussi. En outre, les Antankarana et les Sakalava voient d'un mauvais oeil la visite, effectuée le 7 juin 1872, par Leclos, commandant particulier de Nosy Be, au gouverneur merina d'Anorontsagana. Cette visite a pour objectif la mise en application des clauses du traité, en date du 8 août 1868, passé entre le gouvernement hova et les Français, et laissant à ces derniers la libre circulation et l'occupation de la région Nord de Madagascar.

Mais quelques années plus tard, les relations entre les gouvernements français et hova commencent à se dégrader et s'aggravent durant l'année 1882, à cause de l'occupation merina des territoires cédés par les rois sakalava à la France, par les traités de 1840 et 1841. Au mois de juin 1882, le capitaine de vaisseau Le Timbre, commandant le « Forfait », enlève les pavillons merina plantés sur les terres de Binao à Ampasimena et de Monja, à Ambatomitatao, sur la presqu'ile d'Ankify. La plus vaste opération militaire se déroule, au mois de juillet de la même année, sur la plaine située au sud-ouest de la ville actuelle d'Anivorano-Nord. Au même moment, les troupes merina, dirigées par Ramaroseheno, commandant du poste d'Ambohimarina, et le renfort envoyé par Ramarosahanina, commandant de Vohémar, affrontent l'armée antankarana, sous le commandement du prince Miarana, secondé par des officiers, tels Ndrasagna, Tsikoriko, Mahatafa, Kôtozandry dit Marchand, Djaokely et Andriamialy. Les soldats antankarana font semblant de se retirer sur le village de Tsarakibany, puis se dirigent plein sud, vers le village d'Andrafiabe, à sept kilomètres au nord du village royal d'Ambatoaranana où stationne le gros de la troupe. Les soldats merina, surpris, reculent vers la plaine, à l'est de Tsarakibany où ils sont anéantis. « Des cadavres jonchaient toute la plaine qui s'étend jusqu'au village actuel de Marotaolana jonché d'os, ainsi désigné jusqu'à ce jour et la plaine porte désormais le nom d'Andriparipa (lieu de massacre) », écrit Cassam Aly Ndandahizara, inspecteur principal des Impôts, dans son étude sur « Ambalavelona ou l'insurrection anticoloniale dans le Nord-Ouest de Madagascar en 1898 ». C'est dans cette guerre, ajoute-t-il, qu'apparaissent, pour la première fois, deux personnages antankarana, de premier plan, de l'évènement d'Ambalavelona en 1898, Miarana et Djaokely. La première guerre franco-merina finit par éclater.

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Le 7 mai 1883, les troupes françaises, dirigées par l'amiral Miot attaquent l'armée merina, par le poste d'Anorontsangana. La ville de Mahajanga est prise le 15 mai, avec des renforts composés des hommes de la reine Binao et du roi sakalava bemazava Monja, ainsi que des Makoa (esclaves importés d'Afrique) libérés. En octobre 1884, l'amiral Miot demande au roi Tsialana II de lui fournir deux mille hommes pour renforcer les troupes françaises en vue d'attaquer le poste d'Iharana. Les Antankarana, sous le commandement de Mamba, de Tsimanegniny et de Djaokely, arrivent à bord de l' « Allier », tandis que le roi Tsialana II, avec trois cents hommes, s'embarque sur le « Beautemps-Beaupré », commandé par Escande. L'auteur de l'étude indique qu'en 1896, Mamba, frère de Tsialana II, soupçonné d'être l'homme des Merina par les Français, est exilé à l'ile Sainte-Marie où il meurt en 1898. Tsimanegniny succède à Tsialana II sous le nom de Lamboeny II. La ville de Vohémar est prise le 21 novembre, et Ambodivoanio, le 27 suivant. Les Merina perdent deux cent cinquante hommes, parmi lesquels se trouve Ramarosahanina, gouverneur d'Iharana. Tsialana II, avec les principaux héros de l'attaque d'Iharana sont invités par l'amiral Miot à Toamasina où les médailles commémoratives de la victoire leur sont offertes. L'amiral Pierre s'est emparé de cette ville au mois de juin de la même année. Mais sur la côte Nord-Ouest, partant de Maromandia et d'Ankaramy, les Merina, forts de quatre mille hommes, se dirigent sur la région d'Ambavatobe pour s'emparer de la personne de la reine Binao. Toutefois, les secours venant de Nosy Be et de Monja les repoussent.

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