Vendredi 4 août dernier, une huissière en charge d'appliquer la décision de la Cour Suprême d'expulser un individu à Isotry s'est confrontée à la résistance de l'avocat de celui-ci.
L'avocat, appuyé par ses fils et quelques gros bras, ont tenté d'empêcher la huissière de faire son travail. L'avocat n'a pas hésité à dénigrer publiquement les huissiers, les qualifiant d'incompétents et pas en mesure d'exercer leurs fonctions.
Entrave au système judiciaire. Bien que les actions de cet avocat pour empêcher l'expulsion n'a pas abouti, Me Baholy Harivony Sylvie, déléguée de la Chambre Nationale des Huissiers d'Antananarivo et parlant au nom du Bureau National de la Chambre des Huissiers de Justice et Commissaires-Priseurs de Madagascar, tient à rappeler que ce genre de comportement constitue une entrave au système judiciaire.
Cette affaire est déjà passée par toutes les instances judiciaires, selon elle. « Une décision de la première instance, confirmée par la Cour d'Appel et corroborée par la Cour Suprême ont autorisé cette expulsion. » Une notification de la décision judiciaire y afférent a déjà été remise aux concernés. « Le 4 août, le jour de l'incident, un dernier rappel a été envoyé et cela fait suite à l'aval du Procureur Général de la Cour Suprême », poursuit-elle.
C'était à cette occasion que l'avocat d'un Indo-Pakistanais, qui voulait garder l'immeuble en question, est soudainement intervenu. Il a interrompu la procédure d'expulsion effectuée par la huissière, Me Olivia Razafindrahasina, en disant qu'il vient de mener un nouveau recours sur cette affaire auprès de la justice à travers la demande d'assignation à bref délai.
Usurpation de tâche. Me Olivia Razafindrahasina, pour mener à terme sa mission, a répliqué que l'assignation à bref délai ne prime pas sur l'arrêt de la Cour Suprême. C'est pourquoi elle a insisté malgré la résistance musclée de l'avocat. A l'entendre, elle a même été agressée durant cet incident. Face à cette situation, les Huissiers de Justice et Commissaires-Priseurs se sentent vulnérables et non protégés dans l'exercice de leurs fonctions. Ils déplorent l'attitude et le comportement de certains avocats qui se mettent au-dessus de la loi en piétinant la plate-bande des autres. En principe, les interventions des avocats se limitent à la barre. Par contre, les huissiers en tant que tels, leurs rôles c'est d'exécuter les décisions judiciaires sur le terrain.
Me Olivia Razafindrahasina déplore également que les huissiers sont souvent la cible de la colère des gens alors qu'ils ne font qu'appliquer les décisions de la justice et selon les procédures dictées par la loi. A chaque intervention, ils doivent bénéficier d'une protection des forces de l'ordre. Comme c'est le cas lors de l'expulsion à Isotry. L'huissière de justice chargée de cette affaire a suivi toutes les étapes requises avant de passer à l'acte, pourtant elle s'est heurtée à une résistance musclée.
Fausses accusations
Il a été véhiculé dans la presse que des bijoux et de l'argent ont disparu lors de cette expulsion. Hier, devant la presse, une employée de l'Indo-pakistanais, concernée directement par cette affaire, a démenti ces allégations. « L'avocat nous a ordonné de nous plaindre comme quoi nous aurions perdu des centaines de millions et plusieurs objets de valeur pendant cette opération d'expulsion », raconte-t-elle.
Ce serait une manière pour l'avocat de dénigrer de nouveau les huissiers en les accusant de larcins, à entendre ce témoin. Compte tenu de ces faits, le Bureau National de la Chambre des Huissiers de Justice et Commissaires-Priseurs de Madagascar, représenté par Me Baholy Harivony Sylvie, réclame une meilleure prise en considération le cas de ce secteur d'activité vis-à-vis des menaces qui pèsent sur ces acteurs.