Pape Alé Niang libre ! Après 11 jours de détention, le journaliste et directeur de publication du site DakarMatin a été remis en liberté provisoire hier, mardi 8 août 2023. Arrêté le 29 juillet dernier, il a été placé sous mandat de dépôt, le 1er août dernier, pour «appel à l'insurrection».
Le journaliste Pape Alé Niang, directeur de publication du site d'information DakarMatin, a recouvré la liberté hier, mardi 8 août 2023. Pape Alé Niang qui a été arrêté le 29 juillet dernier et placé sous mandat de dépôt, pour «appel à l'insurrection», a obtenu une remise en liberté provisoire de la part du juge. «Il a bénéficié d'une liberté provisoire, qui n'est pas assortie d'un contrôle judiciaire», a précisé, dans l'APS, son avocat, Me Moussa Sarr.
Depuis son arrestation, le journaliste observe une grève de la faim totale, refusant de s'alimenter, de boire et tout soin, au pavillon spécial de l'hôpital Principal où il a été admis. Ce qui a beaucoup fragilisé son état de santé. «Son état de santé est préoccupant», a ajouté Me Sarr, sans toutefois dire si cela a motivé ou pas la remise en liberté de son client.
«REQUISITOIRE» A CHARGE DU MINISTRE DE LA JUSTICE CONTRE LE JOURNALISTE
Cette remise en liberté provisoire intervient 24h seulement après le «réquisitoire» à charge du Garde des Sceaux, ministre de la Justice à l'encontre du journaliste. En conférence de presse la veille, lundi 7 août 2023, répondant à l'appel de Bamba Kassé, secrétaire général du SYNPICS, en faveur de l'élargissement du journaliste très affaibli par la grève de la faim, Ismaïla Madior Fall a enfoncé Pape Alé Niang, parlant d'incarcération d'un «influenceur subversif».
«Il est arrêté simplement comme influenceur subversif, en jetant la haine et appelant à l'insurrection. Quand quelqu'un se comporte comme ça, l'Etat assume sa responsabilité. Il s'y ajoute qu'il est sous contrôle judiciaire. Il s'agit actuellement de la révocation de son contrôle judiciaire. Critiquer le pouvoir ne doit pas servir de certificat d'impunité. Faire des appels à l'insurrection, ce n'est pas parce qu'on le fait qu'on est un héros. Si le comportement de quelqu'un est de compromettre la sécurité publique, la loi s'abat sur lui», a déclaré Ismaïla Madior Fall.
Allant plus loin, le ministre de la Justice dira qu'il n'est pas arrêté en tant que journaliste. «Pape Alé Niang est un multirécidiviste. Ses attaques à saper le moral des troupes sont récurrentes. Ses appels à l'insurrection sont récurrents, au point que parfois des journalistes ont dit : «nous allons nous porter garant qu'il ne parlera plus». D'après ma compréhension, je ne suis pas le mieux qualifié, je précise, mais ce qu'il fait n'est pas du journalisme. Il n'est pas arrêté comme journaliste. La preuve, aucun journaliste n'est arrêté au Sénégal».
ENTRE DENONCIATION D'UN «ACHARNEMENT», «DETENTION ARBITRAIRE» ET APPELS A SA «LIBERATION IMMEDIATE»
Déjà, moins d'une semaine plus tôt, des organisations du secteur des médias, après avoir dénoncé son emprisonnement vu comme «un acharnement», avaient réclamé la libération sans condition du journaliste. Ainsi, Reporters sans frontières (RSF) a appelé, mercredi dernier, à la «libération immédiate» de Pape Alé Niang, déplorant la «persécution judiciaire» dont il ferait l'objet. Dans un communiqué, RSF, «dénonce la persécution judiciaire d'un journaliste critique incarcéré pour la troisième fois en moins d'un an et appelle à sa libération immédiate» de cette «détention arbitraire».
De son côté, vendredi dernier, l'Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (APPEL) a condamné fermement ce qu'il a qualifié d'«acharnement» contre Pape Alé Niang, arrêté pour la troisième fois, en l'espace de quelques mois. «Pour cette nouvelle arrestation, nous cherchons en vain le mobile réel des autorités sénégalaises. L'analyse des dernières sorties du confrère ne montre aucun élément d'incrimination sérieux. Ce qui prouve, une fois de plus, qu'il s'agit d'une injustice manifeste et d'un acharnement assumé de l'Etat du Sénégal sur la personne de Pape Alé Niang», a relevé l'APPEL dans un communiqué.
Le journaliste et directeur de publication du site d'information, DakarMatin, qui a passé plusieurs mois en détention entre fin 2022 et début 2023, en était à sa troisième arrestation. En janvier dernier, il avait bénéficié d'une liberté provisoire, sous contrôle judiciaire. Il est arrêté à nouveau, le 29 juillet dernier, et placé sous mandat de dépôt, le mardi 1er août 2023. Une interpellation qui fait suite à un live Facebook qu'il a fait après l'arrestation, le vendredi 28 juillet 2023, de l'opposant Ousmane Sonko, président du parti PASTEF, par ailleurs, maire de Ziguinchor.