Sénégal: Secteur de l'élevage - Un fort potentiel sous-exploité

Pratiqué par 29,5% des ménages sénégalais, soit 476 668 ménages, l'élevage au Sénégal offre de grandes opportunités en termes de revenus, d'emplois et de renforcement de la résilience face aux différents chocs et crises. Mais, faute de politiques publiques viables, l'objectif d'atteinte de l'autosuffisance alimentaire devient compromettant.

Au Sénégal, le secteur de l'élevage constitue un maillon essentiel tant sur le plan économique que social et culturel. La contribution de ce sous-secteur à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages et à la création de richesses est remarquable d'autant qu'il contribue en moyenne pour 28,5% à la valeur ajoutée du secteur primaire et 4,3% au Produit intérieur brut (Pib).

En milieu rural, la place de l'élevage est encore plus déterminante, avec 47% des ménages ruraux qui exercent une activité d'élevage leur permettant de disposer de protéines et autres nutriments d'origine animale supplémentaires, mais également de revenus plus importants contribuant à couvrir les dépenses liées notamment à la santé et à l'éducation de leurs enfants. En clair, l'élevage joue un rôle d'appui important aux systèmes mixtes agriculture-élevage.

Dans la Lettre de politique de l'élevage 2017-2021, des objectifs stratégiques visant l'amélioration de la productivité et de la compétitivité des filières animales, la création d'un environnement favorable au développement des systèmes d'élevage, le renforcement des infrastructures de transformation, de conservation et de commercialisation des produits animaux, avec une meilleure intégration dans la filière industrielle et l'amélioration de la structuration des segments industriels et familiaux des filières lait local, bétail-viande, aviculture et cuirs et peaux ont été dégagés. Mais, ces objectifs sont de loin non atteints.

Les atouts sont nombreux et divers de nature

Depuis 2000, l'Etat du Sénégal a affiché une nette volonté de développer ledit secteur dans les différents documents de politique et de stratégies de développement (DSRP, PDES, SNDES, NISDEL, CDSMT), avec un accent encore plus marqué dans le Plan Sénégal Emergent, qui a retenu l'élevage parmi les secteurs prioritaires. Mieux, cette volonté politique s'est manifestée par l'érection d'un département ministériel pleinement dédié au secteur. Au nombre de ces atouts, un cheptel ruminant relativement important et varié.

Vraisemblablement, le Sénégal compte un effectif estimé à environ 15,099 millions de ruminants composés de races locales et exotiques, de sujets métissés et de races pures bien adaptés aux conditions d'élevage traditionnel et/ou moderne dans leur zone d'exploitation.

Et il se révèle que les races locales ont de bonnes aptitudes bouchères, alors que les races exotiques et les sujets métissés sont introduits généralement pour augmenter la production laitière. D'année en année, on note une marge considérable de progression de la productivité des élevages. La faible utilisation des résultats de la recherche en matière d'innovations techniques et technologiques, laisse de réelles possibilités d'augmenter la productivité des races locales.

La forte demande en produits animaux.

Au demeurant, les besoins énormes des populations en protéines d'origine animale sont en constante croissance. Ce potentiel du marché urbain et rural en produits animaux (viande, lait, oeufs, cuirs, miel et cires, etc.) offre d'immenses opportunités d'exportation vers le marché de l'Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa). Hors de cette Union existent pour le bétail sur pied (bovins, ovins, caprins, équins, asins), les cuirs et peaux, la viande porcine et le miel.

L'apport nutritionnel en souffrance

Malgré tous ces atouts propres à l'élevage, les carences en micronutriments font partie des problèmes nutritionnels les plus importants du Sénégal. En effet, l'anémie demeure un problème de santé publique chez les enfants de moins de 5 ans, avec en 2015, 66% d'entre eux touchés par la maladie. Quant à la carence en vitamine A, elle touche 17,1% des enfants de 12 à 59 mois et 1,9% des femmes en âge de procréer (14,2% des femmes en âge de procréer ont des réserves faibles en vitamine A). Pour la carence en Zinc, elle constitue un problème de santé publique sévère, avec 58% des femmes et 42,8% des enfants qui sont touchés.

Santé animale sous contrôle, avec des acteurs engagés

A ce jour, la situation sanitaire du cheptel sénégalais est relativement sous contrôle. Au plan sanitaire, le Sénégal a obtenu le statut de pays indemne de peste bovine depuis 2005. L'Etat met des ressources pour la gestion de la santé animale à travers le Programme de renforcement de la protection zoo sanitaire financé sur le Budget consolidé d'investissement, complétées par les apports de projets et programmes.

Afin de booster le sous-secteur, l'Etat du Sénégal, à travers la Loi d'orientation agro-sylvo-pastorale (Loasp), exprime fondamentalement sa volonté politique d'assurer et de développer durablement les productions végétales et animales, afin de réaliser la sécurité alimentaire, voire la souveraineté alimentaire nationale. Cette loi qui prévoit d'ailleurs la réforme foncière trouve une opportunité majeure pour le développement du secteur.

L'Elevage enrôle par ailleurs une multitude d'organisations de producteurs regroupées au sein de cadres de concertations (départemental, régional et national) permettant une proximité avec les services techniques, ainsi que des échanges pour privilégier l'intérêt général dans la mise en oeuvre des programmes. Cette assistance technique, et de conseils de proximité des services décentralisés de l'Etat s'offre en opportunités aux organisations de producteurs.

L'autosuffisance en lait, si près mais si loin

Quoique disposant d'un fort potentiel en produits laitiers, le Sénégal n'arrive pourtant toujours pas à atteindre son autosuffisance en lait. D'où l'intérêt grandissant des promoteurs privés pour les chaînes de valeur « produits animaux », notamment le lait, les produits avicoles, la viande rouge. Ainsi, selon la Lettre de politique de développement de l'Elevage, la Formation Brute de Capital Fixe privée du secteur de l'Elevage est passée de 800 à 1 42113 milliards de FCFA entre 2005 et 2014, soit une hausse de 78%. Cette tendance devrait se renforcer au regard de l'ambition du PSE qui est de faire du Sénégal, un pays attractif aux investissements.

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