Madagascar: Tonneaux des Tanaides

Un cycle infernal. Le quotidien des Tananariviens voire des Malgaches de conjuguer dans tous les temps et les modes avec les ordures, le délestage et l'état lamentable des routes.

Cela dure depuis plus d'une décennie sans qu'on trouve des solutions définitives à ces problèmes cruciaux. Les ordures et l'état des routes concernent directement la mairie d'Antananarivo. Ce sont deux tâches naturelles, deux devoirs obligatoires de la commune. Le fait est que depuis 2008, c'est devenu un problème récurrent. La cause principale des difficultés de la mairie d'Antananarivo à assumer sa tâche a été sans doute la perte de son statut spécial en tant que capitale qui lui permettait d'avoir une autonomie de gestion de ses ressources.

En 2008, quand Andry Rajoelina était élu maire d'Antananarivo, on avait supprimé ce statut et on avait relégué Antananarivo au même rang qu'une petite commune. Autrement dit, depuis, la commune urbaine d'Antananarivo est confrontée régulièrement à des problèmes financiers et de trésorerie. Les PDS et les maires successifs ont été confrontés à des difficultés pour ramasser les ordures, entretenir les rues, construire des infrastructures d'hygiène, entretenir les écoles... Il faut ramasser 1 400 tonnes d'ordures par jour à Tana et davantage lors des fêtes de fin d'année ou pendant la saison des litchis et mangues. Plusieurs dizaines de camions sont nécessaires pour vider les bacs tous les jours.

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La CUA a besoin de plusieurs milliards d'ariary par mois pour financer toutes ces opérations d'assainissement de la ville. Les recettes des patentes, des tickets de marché, des frais administratifs, des droits de stationnement, des parkings...sont loin d'être suffisantes pour financer les nombreux chantiers que la CUA doit finir. Les communes doivent trouver d'autres sources de financement étant donné que les problèmes sont désormais les mêmes avec l'évolution démographique et l'extension des villes. Toutes les communes souffrent de manque de moyens pour gérer les déchets ménagers, pour entretenir les rues, pour embellir la ville.

Certains maires ont vendu les trottoirs et le patrimoine de la ville pour se faire un peu d'argent. L'ancien PDS d'Antananarivo Edgard Razafindravahy avait suggéré la création d'un Fonds monétaire des communes et la possibilité des collectivités à contracter avec les bailleurs de fonds pour assumer leurs tâches mais l'idée est restée au stade d'intention.

Il est pourtant clair que les difficultés iront crescendo d'une année à l'autre, que la CUA n'aura jamais les moyens suffisants avec ses ressources dérisoires actuelles. Les ordures sont une grandeur directement proportionnelle avec l'augmentation de la population alors que les rues se détruisent de plus en plus vite avec le nombre de voitures qui circulent ainsi que leur poids de plus en plus lourd.

C'est ainsi qu'on n'arrive jamais à bout des ordures et des rues défectueuses. Les bacs à ordures sont à peine vidés qu'ils débordent dès le lendemain comme si de rien n'était, comme s'il s'agissait des tonneaux des... Tanaïdes. Une spirale exaspérante et lassante. Les coups de main sporadiques du pouvoir central permettent de nettoyer la ville un moment mais pas toute l'année.

C'est le cas actuellement avec l'approche des Jeux des îles. On nettoie la ville à bout de bras pour lui donner une belle image. C'est bien d'avoir cette volonté mais c'est dommage que la propreté ne durera que dix jours, le temps des Jeux. On va demander au Comité international des Jeux de porter la durée des Jeux des îles à 365 jours avec cents disciplines au programme pour chasser à jamais les ordures de la ville. Ça, c'est une vision.

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