Dakar — L'artiste peintre sénégalais Zulu Mbaye a déclaré que la célébration de ses cinquante ans de carrière en octobre-novembre prochain est aussi une manière de « magnifier" l'Ecole de Dakar, relevant que cette institution dont il se réclame « n'est pas morte".
"L'Ecole de Dakar n'est pas morte, contrairement à ce que certaines personnes veulent faire croire. La colonne dorsale de ce qui se fait aujourd'hui en peinture est né de cette école. Il ne faut pas mutiler l'Histoire. Il n'y a pas eu de rupture, c'est une continuité", a-t-il dit dans un entretien accordé à l'APS en prélude à l'hommage qui lui sera rendu.
"Quand on regarde mes tableaux, on y retrouve fondamentalement cet esprit de l'Ecole de Dakar, avec un plus parce que je suis ouvert aux autres souffles, aux autres réalités artistiques du monde. Et je suis forcément inspiré par ce qui se passe autour de moi. Mais fondamentalement, ce qui se fait principalement dans le domaine des arts plastiques, au Sénégal, est une émanation de l'Ecole de Dakar", a-t-il ajouté.
Zulu Mbaye pense que "c'est cet acquis historique qu'on doit dépasser". "On doit dépasser cela sans le renier comme beaucoup de mes collègues veulent le faire. Ce que je fais aujourd'hui est une suite de ce qui s'est fait avec cette école dans les années 1960, 1970 et 1980", a insisté l'artiste.
Il estime qu'il est "un autre Pierre Lods", animateur de l'Ecole de Dakar que le président Léopold Sédar Senghor a invité au Sénégal. "Pierre Lods a été invité au Sénégal par Senghor. Il a été coopérant vers la fin de sa vie, grâce à l'artiste Ibou Diouf qui a rappelé à Senghor ses conditions de vie difficiles", a souligné Zulu Mbaye, relevant qu'il a vu Lods le jour de sa mort.
"En septembre 1989, j'arrive à Limoges. On m'a appelé pour me dire que Pierre Lods était hospitalisé. Je suis allé le voir. Je suis resté un moment avec lui. Je me suis promis d'aller le revoir le lendemain. Je ne suis pas allé parce que quand j'ai appelé, on m'a dit qu'il était décédé", a-t-il expliqué.
"Je continue à porter son enseignement, sa philosophie artistique, son esprit artistique. Pour les jeunes qui viennent me voir et me demander des conseils, c'est comme si je prenais la place de ce Pierre Lods, a-t-il poursuivi. Et je me rappelle que quand il était à Dakar et qu'on était encore ses élèves - même si on n'était plus chez lui - il disait que s'il y a un jeune qui peut prendre ma place dans ce pays, c'est le jeune Mbaye."
Pour lui, "c'est un honneur et une lourde responsabilité". "Ce n'est pas pour rien que je l'ai vu le jour de sa mort. Ma présence à Limoges au moment où il quittait ce monde est pour moi un signe. J'en déduis qu'il m'a transmis quelque chose que je porte et que je voudrais transmettre", a-t-il conclu à ce sujet.