Ile Maurice: En deux ans - Plus de Rs 150 M d'héroïne retrouvées dans des mules africaines

Estomac, parties intimes, pour ne citer que ces régions... La dissimulation de drogues - principalement de l'héroïne ou de la cocaïne, qu'on veut faire passer en douce au-delà des frontières et zones de contrôle - est presque devenue un art... Parmi les plus mules, on retrouve surtout celles venant d'Afrique.

Le whole body scanner de la Mauritius Revenue Authority (MRA) a détecté son premier cas, il y a un an, chez un couple nigérian qui avait débarqué avec, dans l'estomac, des boulettes d'héroïne d'une valeur de Rs 37 millions. La plus grosse saisie sur des passeurs des deux dernières années. Nous nous sommes penchés sur le nombre de kilos d'héroïne saisis sur des mules étrangères à l'aéroport sir Seewoosagur Ramgoolam et leur valeur marchande. Mais aussi la nationalité et le profil de ces passeurs, les risques pour leur santé et leurs droits, une fois qu'ils ont été arrêtés par la brigade antidrogue à l'aéroport...

Les dernières données (datant du 2 août 2023) de la MRA pour la période du 10 septembre 2021 au 12 mars 2023 sont éloquentes. Ainsi, 10 028,20 g d'héroïne d'une valeur marchande de Rs 150 423 000 ont été saisis sur des mules africaines. Des Nigérians, par exemple, ont purgé des boulettes d'héroïne pesant 2 503 grammes (g) d'une valeur marchande de Rs 37 545 000.

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Il y a également le cas de ce Ghanéen qui transportait 1 190 g valant Rs 17 860 500. Mais aussi un Congolais surpris avec 1 185 g d'une valeur de Rs 17 775 00 et une Ougandaise avec 1 126 g d'une valeur de Rs 16 890 000. Ainsi, les mules sont de différentes nationalités comme le démontrent les tableaux ci-dessous. Il s'agit d'homme et de femmes âgés entre 28 et 54 ans.

Profilage

Pour repérer un passager qui transporte de la drogue, les officiers affectés à l'Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) sont formés au profilage, explique l'un d'eux. Il s'agit d'établir le profil psychologique de la personne, basé sur son comportement. «Des fois, les autorités douanières d'où provient la mule avertissent la douane chez nous afin que Maurice ne perde pas le contact local.» Le personnel de cabine est souvent informé de la présence de la mule et observera tout comportement suspect ou anormal, avant de transmettre ces informations aux autorités.

«Quand quelqu'un transporte de la drogue, il ne mangera pas ou ne boira pas dans l'avion. Il n'ira pas aux toilettes», ajoute notre interlocuteur. Une fois que le suspect s'engage dans le Green Channel, les officiers de la Custom Anti-Narcotics Section le détectent et le traquent. Le passeur purge ensuite les boulettes dans les toilettes de la MRA, destinées à cet effet, à l'aéroport.

Selon le Dr Sudesh Kumar Gungadin du département médico-légal de la police, les drogues sont placées dans des préservatifs ou du latex ou parfois recouvertes d'une couche externe de cire avant d'être ingurgitées. Après que les passeurs de stupéfiants ont avalé plusieurs boulettes, ils prennent des médicaments pour ralentir le transit intestinal jusqu'à ce que ces boulettes puissent être récupérées. La quantité totale de drogue représente une dose létale pour ces passeurs, nous dit-il. «La rupture d'un ou de plusieurs boulettes est un risque, provoquant une intoxication et un surdosage brutal. Les symptômes dépendent de la drogue. Ces personnes peuvent sombrer dans le coma ou souffrir de détresse respiratoire en cas de prise d'héroïne. Une occlusion intestinale ou un abcès hépatique sont également possibles.»

Il ajoute : «Avec des signes de toxicité ou d'obstruction de l'intestin, une intervention chirurgicale prompte est réalisée pour enlever les sachets, tandis que les porteurs asymptomatiques sont maintenus sous observation étroite à l'hôpital. Je me souviens d'un patient qui présentait des symptômes d'obstruction gastrointestinale et une intervention chirurgicale a été réalisée. Les mules asymptomatiques sont traitées avec une solution orale de polyéthylène glycol pour favoriser l'expulsion des sachets. La progression des sachets est périodiquement surveillée à l'aide de radiographies abdominales. Aucune complication n'a été signalée pendant la période d'observation.» *

* Certains extraits de cette analyse proviennent d'un article publié par le Dr Gungadin intitulé «Body Packers in Mauritius».

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