Congo-Brazzaville: Livre - « Enky », entre intrigue sentimentale et spiritualité

Mildred Moukenga a eu le vif plaisir d'être face au public brazzavillois le 8 août, dans les locaux de la librairie Les Manguiers, en vue d'échanger autour de son premier ouvrage « Enky ». Ce roman de 138 pages peint une histoire d'amour captivante sur fond de plusieurs faits de société dont le plus saillant est la résilience.

Communicante, présentatrice télé, entrepreneure sociale et activiste pour les droits de la femme, Mildred Moukenga est également une passionnée de l'art et de l'histoire des peuples africains ainsi qu'une remarquable raconteuse d'histoires. Une caractéristique qu'a pu révéler son roman « Enky », structuré en vingt-quatre chapitres d'inégal volume. L'ouvrage de taille moyenne, publié cette année aux éditions Nyuki, embarque le lectorat dans les péripéties de la vie d'Enky, fille unique d'Ima, qui se retrouve au centre du Mossélèbende, un fétiche utilisé pour dominer et hypnotiser. Ce dernier s'obtient grâce à une potion constituée d'un mélange de feuilles, d'arbres et de racines poussant au coeur de la forêt équatoriale.

D'après le récit de ce roman dévoilé durant sa présentation-dédicace, après la mort de son beau-père, Enky et sa mère se retrouvent maltraités par le frère du défunt. En vue de se mettre à l'abri du besoin, Enky va se chercher un emploi et c'est ainsi que son chemin croise celui d'Imani, un chef d'entreprise accompli dont les compétences professionnelles ne sont pas les seules choses qui intéressent les collaboratrices.

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« Enky » se veut à mi-chemin entre la réalité et la fiction. Réalité, parce qu'il s'appuie sur une partie des us et coutumes congolaises, puisées dans le département de la Likouala. Fiction, du fait que l'auteure a mêlé à des faits réels un brin d'imagination et de créativité qui vaut à Enky toute sa saveur, son allure intrigante et sa singularité.

« Cela fait à peu près 15 à 20 ans que j'ai débuté les recherches sur le Congo, mon pays, en vue de savoir un peu ce qui se faisait autrefois sur le plan culturel. Cette quête identitaire m'a permis de réaliser que nous ignorons beaucoup sur notre nation. C'est alors que m'est venue l'idée d'écrire Enky afin de transmettre aux nouvelles générations un pan de notre histoire... Enky signifie peu et s'inspire d'une héroïne congolaise née dans les années 1920, de laquelle je continue d'apprendre des tas de choses pour la suite de ce roman », a fait savoir Mildred Moukenga.

L'écrivain et critique littéraire congolais, Fidèle Biakoro, a félicité l'auteure pour son audace et sa plongée dans le monde de l'écriture. Pour lui, « l'œuvre est simple, mais attractive avec un vocabulaire dosé qui donne de l'allure aux récits... Les suspens volontairement créés par des ellipses permettent aux lecteurs de s'arrêter et de réfléchir sur la suite à donner aux histoires. Ce qui appelle à une lecture attentive et très approfondie ».

Les thèmes explorés par Mildred Moukenga dans « Enky » sont très actuels et universels, sans être exhaustifs. On note, entre autres, la résilience, l'amour, les violences faites aux femmes, particulièrement aux veuves, les travers dans l'administration et dans les entreprises, l'animisme ou la tradition et la science ou la modernité, la religion et les nouvelles pratiques mercantiles dans les églises.

« Le roman de Mildred Moukenga est une merveilleuse représentation des tribulations du coeur humain en proie au feu de l'amour. A travers le Mossélèbende, l'auteure révèle au lecteur une pratique fétichiste courante chez nous en matière de conquête amoureuse... Mon coup de cœur après la lecture de ce roman est la mise en relief de certaines valeurs culturelles qui demeurent d'actualité », a déclaré Pierre Ntsemou, écrivain et critique de l'œuvre.

Sous la modération de Soni Nzaou, la cérémonie de présentation d'« Enky » a été non seulement ponctuée par le décryptage littéraire des écrivains Fidèle Biakoro et Pierre Ntsemou, mais aussi d'une lecture d'extraits du livre à l'allure de représentation théâtrale par le slameur Black Panther en duo avec l'actrice Blonde Kibozi ainsi que par le conteur Muleck. Engagé dans le bain de la fiction romanesque, le public s'est par la suite prêté au rituel de question-réponse avec l'auteure de l'œuvre en vue de dissiper certaines interrogations. C'est par une séance dédicace du livre que s'est clôturée la rencontre.

« Je suis remplie de gratitude d'avoir, aujourd'hui, été accueillie par les doyens de ce domaine qui, tout en découvrant mon œuvre, m'accompagneront aussi. Merci au public présent. J'espère qu'il lira l'œuvre et me fera un retour », a confié le sourire au lèvre Mildred Moukenga.

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