Madagascar: Serge Zafimahova - « Les risques de troubles post-électoraux sont réels »

Les dates des élections avancent à grands pas et les préparatifs sont sur toutes les lèvres.

Serge Zafimahova, président de la plateforme Dinike, a focalisé, cette fois-ci, son attention sur la liste électorale et ses oublis. Il a constaté que « l'arrêt de la CENI ci-dessus ne prend en compte que les personnes titulaires d'une Carte nationale d'identité et exclut, de ce fait, plus de 4,5 millions d'individus de plus de 18 ans qui ne sont pas titulaires d'état-civil et de CIN ».

À la fin mai 2023, selon toujours Serge Zafimahova, la population est évaluée à plus de 31 millions de personnes et « on estime les individus non titulaires d'une CIN, faute de posséder un état-civil donc sans existence légale de plus 18 ans, à +4,5 millions d'individus ». Pourtant, « ces personnes sans existence légale faute d'état-civil servent de réservoir de voix électoraux par le truchement d'attribution illégale de CIN avec la complicité soit de l'administration territoriale, particulièrement les chefs districts qui ont autorité sur les chefs fokontany, soit de la CENI soit des deux structures », prévient-il.

6 mois

Il estime, en effet, que l'Etat devrait déployer les efforts pour inscrire ces millions de personnes dans le registre électoral par le biais, de prime abord, de la délivrance d'état-civil. Dans ce sens, il remet sur le tapis le projet Prodigy, qui est chargé de fournir l'état-civil à l'échelle nationale. Un financement de plus de 140 millions USD a été attribué à ce projet, pourtant Serge Zafimahova constate un « fiasco » par rapport aux vrais enjeux sur le sujet.

« Le montant indiqué permet largement d'assurer le financement d'une opération sécurisée par satellite et par digitalisation pour une opération état-civil et pour la délivrance de CIN à l'échelle nationale sur une période ne dépassant pas 6 mois », soutient-il. Et de poursuivre que « le PRODIGY est un fiasco, soit par incompétence, soit par volonté politique délibérée de manipuler, faute de volonté politique de l'État et de capacité d'absorption dans le pilotage du projet ».

Satellite

Le verdict est sans appel pour Serge Zafimahova. « Dans la situation actuelle, les conditions pour des élections justes et crédibles ne sont pas réunies. Les risques de troubles post-électoraux sont réels » prévient-il. Il amplifie certaines voix qui s'élèvent dans ce sens. Ce politicien, qui remet en question la crédibilité de l'actuelle liste électorale et qui critique la conduite du projet de délivrance de l'état-civil mené par l'Etat, avance néanmoins que certains dispositifs du Prodigy peuvent encore être améliorés.

« Le mode de fonctionnement du PRODIGY en impliquant beaucoup plus les responsables de l'administration territoriale, les magistrats, les responsables des fokontany, les agents communautaires de santé, les élus, les organisations de la société civile » suggère Serge Zafimahova. Aussi, « l'usage de technologie avancée comme un matériel portatif avec une possibilité d'autonomie solaire connectable avec un satellite pour assurer l'interconnectivité pour assurer même la récupération des données dans les zones reculées » est également une meilleure option selon ce politicien. « Il faut travailler avec les pays qui ont fait leur preuve comme la Chine ou Israël », avance-t-il.

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