Le « lamba » tient une place importante dans la société et l'identité culturelle malgache.
Traditionnellement tissé de manière artisanale avec du coton, de la soie ou encore du raphia, le « lamba" orne les épaules des femmes Merina, s'enroule autour des hanches des hommes Bara, drape le corps des Betsileo en toute saison... Des variantes spécifiques de ce textile se partagent et s'offrent aussi pour témoigner de la force des liens qui unissent les individus dans différentes occasions, aussi bien heureuses que malheureuses.
En résonance à ces usages, le recours au lamba est tout aussi récurrent dans la langue malgache. D'une part, il constitue un terme générique pour désigner plusieurs objets textiles du quotidien tels que le pagne, la nappe, la couverture ou encore un rideau... D'autre part, il est également présent dans les expressions et proverbes populaires qu'il vient enrichir en illustrant l'importance de la fraternité, de la solidarité, de la vie, de l'amour ou encore de la foi.
Le "lamba" est également un sujet esthétique de premier choix comme un souffle de vie et d'inspiration. Photographes et peintres ont sublimé sous d'autres angles ce rapport permanent au textile dans leurs oeuvres respectives, dans l'intention de vouloir retranscrire la poésie du "lamba".
Dans d'autres propositions, le "lamba" est un processus déroutant, devenant alors assemblage et mémoire pour questionner une identité à la fois personnelle, mais aussi communautaire.
De manière plus conceptuelle, le "bemiray" nourrit par exemple la démarche de Tsiriniaina Irimboangy dans son installation Sombin-tantara qui rassemble ses éléments de recherche sur le "lamba", impulsés par le souvenir marquant de sa grand-mère le portant selon la tradition malgache.
À la croisée de tout ce que le "lamba" peut actuellement signifier et représenter, l'exposition Lamba forever mandrakizay, qui est actuellement en cours au Hakanto Temporary Ankadimbahoaka, met en lumière le caractère, non seulement immuable, mais également sensible de cette étoffe.
Cette exposition de groupe montre la pluralité des approches artistiques et la diversité des esthétiques. Les différents artistes qu'elle réunit ont tous un lien avec le "lamba", tantôt un objet de fascination, tantôt d'expérimentation, d'imaginaire, mais aussi de fantasme. Le public peut en attester jusqu'au 18 novembre prochain.