Après la suspension de l'aide factice de la France à notre pays sur décision des autorités françaises, la réaction des citoyens lambda, nous convainc davantage que le peuple burkinabè est plus que jamais ancré dans les traditions multiséculaires de ses ancêtres, qui magnifient, la noblesse, la fierté, la solidarité et l'ardeur au travail, entre autres, avec un attachement farouche à la dignité et à la liberté.
De la révolte du bwamu face au colon en 1915 au geste de Naba Wobgo en 1895-96 en passant par le refus de Maurice Yaméogo à la demande de l'installation d'une base militaire française en Haute-Volta, le refus de l'assujettissement a toujours été constant. Un refus qui a justifié le départ précipité du même Maurice Yaméogo du pouvoir, lui qui avait malencontreusement affirmé que la Haute-Volta était sa natte et qu'il pouvait la plier à sa guise.
Plus que la réduction des salaires des fonctionnaires et le train de vie luxueux des dignitaires de la première république, c'est cette bravade conjuguée aux coups de sang de son frère cadet (qui avait été très désobligeant vis-à-vis des syndicalistes venus l'écouter) qui ont écourté le règne de monsieur Maurice. Lamizana le bon père de famille qui lui succéda, a vu les fondements de son pouvoir rongé par sa volonté d'instaurer un parti unique à travers la création du Mouvement national pour le renouveau.
Les grèves historiques de décembre 1975 l'en ont dissuadé, mais le ver était déjà dans le fruit et le colonel Saye Zerbo n'eut guère trop d'efforts à fournir pour le faire tomber. Lequel colonel a lui aussi été victime de son autoritarisme qui a entraîné l'irruption des capitaines sur la scène. Un régime révolutionnaire, qui nonobstant ses nombreux acquis avait «oublié « le socle sur lequel était bâti ce pays en jetant des milliers d'enseignants dans la rue, mais surtout en fustigeant les gardiens du temple que sont les autorités coutumières et traditionnelles.
Le CNR a donc été plus victime de ses contradictions internes que de l'impérialisme international. Quant à Blaise Compaoré c'est son désir d'imperium continu qui a entraîné le soulèvement du peuple. En attendant le recul nécessaire pour juger la gouvernance de Roch Kaboré, disons donc que cette décision de la France tombe comme marée en carême si tant est qu'elle aura réveillé la fibre patriotique des burkinabè toutes tendances confondues, ce qui peut être du pain béni pour les actuelles autorités, pour peu qu'elles restent dans le cadre de cette tradition séculaire.
Cela pour dire que l'humilité, la gestion vertueuse, le respect des anciens et l'attachement viscéral à la justice doivent être les boussoles dans leur gestion quotidienne. « Celui qui respecte le Burkinabè le transforme en mouton ; celui qui l'outrage fait de lui un lion », dit l'adage. La France sera bientôt payée pour le savoir, car, les «enfants « de Sankara sont aux affaires, et, comme ce dernier lui-même le disait, malheur à celui qui ne fait pas mieux que son père. La férule humiliante prendra bientôt fin. C'est écrit.