Cameroun: Légalisation des partis politiques - Comment le pouvoir manœuvre pour exclure

Après plus de trois ans depuis le dépôt de leurs dossiers de légalisation, une vingtaine de partis politiques demeurent en suspens, soumis à la volonté du Ministère de l'Administration territoriale (MINAT).

À moins d'un an des élections municipales, législatives et présidentielles, des critiques fusent concernant les manœuvres de certains hauts cadres administratifs pour exclure des candidats potentiels de ces échéances. Bien que non confirmée officiellement, cette information est corroborée par des hauts fonctionnaires du Ministère de l'Administration territoriale, affirmant qu'une vingtaine de demandes de légalisation sont en attente sans réponse dans les bureaux du chef de cet organisme gouvernemental. Les mêmes sources internes au MINAT soulignent que les dossiers, déposés il y a deux ans pour les plus récents, respectent les exigences en vigueur telles que prévues par la loi N° 90/56 du 19 décembre 1990 relative aux partis politiques au Cameroun.

Pour des raisons évidentes, les requérants s'expriment sous anonymat. Oscar B. (pseudonyme) explique avoir déposé son dossier il y a deux ans, après avoir suivi toute la procédure et obtenu l'approbation du gouverneur de la région du Centre. "Notre dossier a été formellement transféré au MINAT. Depuis lors, nous n'avons aucune nouvelle. Du moins, nos contacts au ministère de l'Administration territoriale affirment que le dossier est sur le bureau du ministre."

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Soupçons de manigances

Patrice K. fait partie de la vingtaine de demandeurs en attente de l'avis du ministre de l'Administration territoriale. S'il rencontre le même sort qu'Oscar B., il souligne que "mes contacts au MINAT indiquent que le retard dans le traitement de notre dossier de légalisation est dû à l'approbation attendue du président de la République." Nombre de candidats potentiels en sont venus à croire que "le RDPC souhaite affronter des concurrents qui sont en accord avec ses manigances", selon les propos de Pascaline S. Ces allégations ne sont pas démenties par nos sources au Ministère de l'Administration territoriale. Suivant les témoignages d'Oscar B. et de Patrice K., Christian O. fait remarquer que "cette situation perturbe grandement notre planning.

On pourrait croire que cela est délibérément fait pour nuire aux candidats potentiels aux prochaines échéances." En effet, entre les campagnes de recrutement pour l'inscription sur les listes électorales, la mise en place des structures de base de leur formation politique et l'établissement de calendriers, les demandeurs de légalisation voient leurs aspirations entravées par l'attente prolongée du ministre de l'Administration territoriale. Une position qui va à l'encontre de la loi.

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