Tunisie: Dhafer Youssef clôture le festival de Dougga - Intensément émouvant !

10 Août 2023

Chaque concert de Dhafer Youssef est une immersion, un voyage intérieur en soi qui rayonne sur l'univers et son immensité. Du oud, de sa voix, de l'énergie et toute la spiritualité dont il est rempli, son art est un chemin vers l'accomplissement de l'être.

Un concert unique en Tunisie et pourtant l'absence fut longue pour cet artiste qui s'est choisi, depuis ses débuts, un chemin à part. Dhafer Youssef, sur la scène du Festival international de Dougga, a créé l'évènement, le public a afflué depuis plusieurs villes du pays. Sold out depuis des semaines et cet enfant prodige a enchanté son public avec un concert qui sied si bien à ce bel écrin fait de pierres et d'histoire.

Sept ans d'absence est un cycle, et pour ceux qui croient en la force des chiffres et des énergies, dans cette période de sept ans, l'individualité humaine, déjà largement libérée de l'influence des passions et des instincts, se désengagera des sentiments. Il en résulte une plus grande tranquillité et un plus grand intérêt pour les autres, pour le monde.

Et Dhafer Youssef clôture ce cycle avec ce concert à travers lequel il présente son dernier album «Street of Minarets » sorti en janvier 2023. Par sa spiritualité et son mysticisme, la musique de « Street Of Minarets» s'imprègne du Soufisme dont Dhafer Youssef porte l'héritage. Cet album vient s'ajouter à d'autres voyages auxquels il nous a convié depuis le début mystique Birds Requiem (2013), l'étrange et lumineux Diwan of Beauty & Odd (2016) et le planant Sounds of mirrors (2018.

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Chaque concert de Dhafer Youssef est une immersion, un voyage intérieur en soi qui rayonne sur l'univers et son immensité. Du oud, de sa voix, de l'énergie et toute la spiritualité dont il est rempli, son art est un chemin vers l'accomplissement de l'être. Il façonne une musique comme s'il se laissait porter par une brise, il s'élève, tourne, nage dans le vide tout en apesanteur. Entre Orient et Occident certes, mais pas seulement. C'est entre soi et l'autre, de soi vers l'autre, entre l'être et ses dimension multiples. Que cherche Dhafer Youssef dans cette musique qu'il habite ?

Les inspirations sont multiples, la curiosité et l'audace y sont de rigueur. «Après avoir voyagé aux quatre coins du monde, à la recherche de nouveaux sons, je chante ici différemment et utilise des effets vocaux avec lesquels j'ai grandi. Notamment l'effet sonore des mégaphones pour l'appel à la prière -- d'où le titre du disque «Street of Minarets». S'exprime-t-il.

Nous le découvrons égal à lui-même, et nous le découvrons aussi différent, il élargit le périmètre de son art et son instrument se confronte avec brio à différentes facettes du jazz. Un audacieux projet qui ne manque ni d'énergie ni d'inspiration.

Dhafer Youssef a mis son public comme sous hypnose, la communion était totale, pour se laisser emporter par des sonorités aussi lointaines que familières. «Streets of Minarets» avait besoin d'être mûri comme du bon vieux vin, en laissant le temps faire son travail. La maturation est exactement ce que le maître oudiste et chanteur tunisien Dhafer Youssef a fait. «Street of Minarets» a nécessité 5 années de remise en question et de travail acharné.

«C'est aussi un voyage dans le temps» -- déclare-t-il. «Le pont est aussi entre l'enfant que j'étais, mélomane et admirateur des grands maîtres (Miles, Herbie, Dave...) et l'adulte que je suis devenu. Un pont entre le jazz des années 50 et sa version plus rock des années 80 aussi.

Je voulais montrer que je suis un musicien en perpétuel mouvement, en évitant d'être étiqueté comme kitsch ou exotique».

Belle clôture forte en émotion et prestigieuse, un coup de maître pour les organisateurs qui, avec une programmation si bien faite, ont fait du festival de Dougga un festival qui se mesure aux plus grands. Bon vent pour la prochaine édition, car la barre est placée bien haut, il y a du pain sur la planche dès maintenant.

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