Ile Maurice: Nations Unies - Sonnette d'alarme mondiale face à la crise alimentaire

«Si nous n'agissons pas sur la sécurité alimentaire, nous en paierons le prix fort demain.» C'est la sonnette d'alarme que tire Bernard Lehmann, le président suisse du groupe d'experts des Nations unies sur la sécurité alimentaire, en ce huitième mois de l'année.

La sécurité alimentaire repose sur la possibilité physique, économique et sociale d'avoir suffisamment de nourriture saine. Toutefois, le monde entier fait face à une crise alimentaire. Depuis qu'il a été frappé par le Covid-19, d'autres facteurs comme la guerre en Ukraine rendent difficile l'approvisionnement en blé et en huiles comestibles, entraînant des pays à imposer des restrictions sur l'exportation de denrées alimentaires. À l'instar de l'Indonésie qui a interdit les exportations d'huile de palme.

De plus, il y a les conséquences du changement climatique. Après de fortes pluies, le prix du riz a augmenté de 3 % en un mois, l'Inde, qui détient 40 % du marché, a interdit les exportations de riz blanc non-basmati, le 20 juillet. Cela, afin de garantir une disponibilité suffisante sur le marché locale et pour freiner l'inflation dans le pays. Mais ce sont les plus vulnérables à Maurice qui sont les plus affectés par le manque de riz non basmati. Ajoutées aux intempéries en Asie du Sud et les inondations au Pakistan, qui ont eu un impact sur l'approvisionnement et la hausse du prix des engrais, les coûts d'approvisionnement ont augmenté.

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Même si le produit alimentaire est disponible, la hausse du prix de l'énergie et l'inflation ont touché le prix des aliments au niveau mondial. Selon la Banque mondiale, l'Afrique est parmi les pays les plus touchés par l'inflation des aliments. De même, la dévaluation de la roupie entraîne une augmentation des coûts d'importation, avec une inflation élevée. L'importation, parallèlement, fait aussi face à divers problèmes, particulièrement au manque de dollars, soutien les importateurs. Ces derniers sont ainsi limités.

De l'autre côté, ceux qui n'ont pas les moyens financiers de faire convenablement les courses mangent mal. En effet, soutenir la production agricole consiste largement en la consommation d'aliments de base, de produits laitiers, entre autres produits d'origine animale riches en protéines, et de viandes, de légumes et de fruits. Toutefois, la production agricole locale à Maurice fait face à diverses difficultés : crise climatique causant la sécheresse, les inondations affectant les récoltes, sol non fertile, manque de main-d'oeuvre, coûts de production en hausse pour l'élevage... La liste des défis est toujours la même.

Michael Marguerite, éleveur, est aussi d'avis que la situation est effrayante. Il souligne de son côté que le coût de l'élevage n'est plus soutenable. Ainsi, beaucoup d'éleveurs abandonnent ce secteur. «La production est en baisse, selon mes observations du terrain. On entend parler de la sécurité alimentaire mais rien n'est fait pour cela. Il faut tirer la sonnette d'alarme. Car si rien n'est fait, la production locale diminuera et nous dépendrons encore plus des importations.»

Pour Krit Beeharry, membre de la Plateforme Planteur des îles, avec la situation critique, il faut trouver des alternatives aux produits qui sont difficilement disponibles. Notamment manger de la pomme de terre ou de la patate douce à la place du riz. «Il faut un plan pour éviter que la situation ne s'aggrave. Sachant que les planteurs font face à divers défis pour pouvoir vendre leurs légumes à un prix abordable. Et parallèlement, il faut que des consommateurs changent leur mode de consommation.»

Du côté des pêcheurs, Judex Rampaul, le président du Syndicat des pêcheurs, ne cesse d'attirer l'attention sur l'importance de soutenir le secteur. Hormis la saison hivernale où la production est généralement moindre, les pêcheurs deplorent le manque de mesures pour les soutenir afin qu'ils puissent bien exploiter les 2,3 millions de km² de la zone économique exclusive de Maurice.

Moins de denrées locales disponibles et plus sera la dépendance aux importations... La situation ne va pas s'améliorer. Ceux qui sont dans la production d'aliments frais s'inquiètent du constat actuel ; ils lancent un appel au gouvernement pour agir et sauver la sécurité alimentaire avec des mesures concrètes, comme la coopération dans la région.

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