Ile Maurice: Enfant de six ans amputé de la jambe - «Le chauffeur roulait très vite», dit la maman

La vie de cette mère de famille de 35 ans a été chamboulée après que son fils de six ans, des proches et elle aient eu un accident de la route, survenu aux petites heures, samedi matin.

Alors qu'ils revenaient d'un mariage au Domaine Eco Farm, à Plaine-Magnien, et regagnaient en taxi leur domicile à Grand-Bois, le véhicule a fait une violente sortie de route. La voiture conduite par un homme de 32 ans, qui habite Grand-Bois également, a alors violemment percuté une barrière métallique à hauteur du flyover de Rose-Belle pour terminer sa course au milieu de la route, entre deux mains courantes.

La maman de l'enfant, son fils de six ans, un homme de 40 ans, le chauffeur de taxi et quatre autres mineurs de sept à 14 ans ont été conduits à l'hôpital Jawaharlal Nehru de Rose-Belle par le personnel du SAMU. Le garçonnet a été gravement blessé à la jambe gauche. Les médecins n'ont pu sauver ce membre et l'enfant a dû être amputé.

C'est un véritable choc pour sa mère qui déclare avoir trouvé refuge dans la prière durant ces temps douloureux. «Nous passons par des moments traumatisants. C'est une épreuve terrible pour un parent et pour notre fils», confie cette mère, désemparée. Elle a pu quitter l'hôpital après des soins, mais fait sans cesse le va-et-vient entre son domicile et l'établissement de santé pour les traitements de son fils.

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Selon elle, la cause de l'accident serait la vitesse. «Sofer-la ti pé roul vit», souligne-t-elle. D'autres blessés ont confirmé sa version à la police, précisant que le chauffeur roulait à vive allure. «Sofer-la ti drol. Li ti pé roul vit. Linn akséléré enn kout fort ek linn perdi kontrol loto», ont dit les passagers aux policiers arrivés sur les lieux avant qu'ils ne soient transportés à l'hôpital.

Un alcootest n'a pu être effectué sur le chauffeur, qui présentait des blessures à la bouche. Les autorités ont alors effectué un prélèvement sanguin sur sa personne à des fins d'analyse au laboratoire scientifique. L'enquête se poursuit.

Dr Youven Naiken Gopalla: «L'amputation reste la dernière option envisagée»

Ce médecin diplômé en médecine sportive se penche depuis plusieurs années sur les cas d'amputations à Maurice. Il dit noter une hausse dans les cas d'amputation, tout en faisant ressortir que d'autres options moins radicales sont étudiées avant l'amputation d'un membre chez chaque patient par le corps médical.

Quelle est la situation concernant les amputations à Maurice ? Y a-t-il une augmentation du nombre de cas, selon votre perception ?

Depuis plus d'une décennie, je travaille avec des personnes amputées à Maurice. Les données du rapport sur les statistiques de santé du ministère de la Santé et de la qualité de la vie montrent, qu'entre 2017 et 2021, il y a eu entre 600 et 800 amputations chaque année. Les chiffres officiels de 2022 ne sont pas encore disponibles. De 2010 à 2014, il y a eu entre 400 et 600 amputations chaque année.

Le gouvernement ainsi que des ONG, comme la Fondation Global Rainbow, l'Apsa et bien d'autres, offrent des services gratuits de soins des pieds à travers l'île. Les cliniques privées proposent des traitements avancés en matière de soins des pieds. Malheureusement, le nombre d'amputations reste encore très élevé chaque année pour une petite île comme Maurice.

À Maurice, 85 % des amputations sont causées par le diabète et sont généralement précédées d'un ulcère du pied du diabétique. L'amputation d'un membre peut être évitée grâce à une détection précoce, un dépistage régulier, un contrôle de la glycémie et un traitement rapide des ulcères en détérioration. Cependant, il est également crucial de disposer de personnel spécialisé pour traiter les ulcères, ainsi que de la capacité à prendre en charge les cas complexes ou les ulcères aggravants pouvant nécessiter une amputation.

Dans quels cas l'amputation est-elle obligatoire ?

L'amputation ne doit être envisagée que si le membre est non viable (gangréneux ou gravement ischémique, dangereux, tumeur maligne ou infection) ou non fonctionnel. Le diabète est un facteur de risque majeur d'amputation. Lorsque les patients subissent des lésions importantes et complexes aux membres supérieurs ou inférieurs, les chirurgiens évaluent le degré de dommage du membre spécifique. Le point de départ est bien sûr de sauver le membre, l'amputation étant la dernière option envisagée. Il convient de prendre toutes les précautions pour s'assurer que l'amputation est réalisée uniquement lorsque cela est cliniquement indiqué.

N'existe-t-il pas d'autres solutions ?

L'objectif premier de tout chirurgien est de sauver le membre en évitant une amputation. Par conséquent, dans les cas où une amputation a été réalisée ou conseillée, cela signifie souvent que toutes les options ont été épuisées. Les praticiens médicaux ne prennent pas à la légère la décision d'amputation, car c'est une option qui peut potentiellement entraîner un handicap. Cela dit, il peut y avoir des cas où une action rapide pourrait sauver un membre, notamment en cas d'accidents où les premiers soins prompts ou une intervention d'urgence peuvent augmenter les chances de sauver un membre.

Nous devrions avoir des experts médicaux diversifiés issus de notre système de santé dans plusieurs hôpitaux pour examiner et discuter de manière approfondie et rapide de chaque patient prévu pour une amputation, comme dans d'autres pays. Nous envisageons chaque option possible, y compris la tentative de revascularisation, qui rétablit le flux sanguin en traitant le blocage ou le rétrécissement des artères des jambes, soit par voie chirurgicale soit par une procédure mini-invasive pour sauver le membre. Parfois, le groupe se réunit deux ou trois fois pour un seul cas, avec différents spécialistes apportant leur expertise.

Finalement, soit nous décidons que le membre du patient peut être sauvé et l'équipe élabore un plan en ce sens, soit le groupe recommande l'amputation initialement prévue.

Comment peut-on se reconstruire après une amputation ?

Une amputation affecte considérablement la vie et l'état psychologique d'une personne pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'amputé doit faire face à la sensation de la perte d'un membre et à une perte de fonction. Il peut rencontrer des défis en matière de mobilité et avoir besoin de dépendre d'autres personnes jusqu'à ce qu'il s'adapte et retrouve son indépendance. Certains patients ressentent des douleurs d'un membre fantôme, ce qui peut avoir un impact négatif sur leur qualité de vie.

Perdre un membre peut déclencher un deuil de la même manière que la perte d'un être cher. Le deuil est la réaction naturelle des gens à la perte de quelque chose ou de quelqu'un qu'ils aiment. Il englobe différentes étapes et émotions au fur et à mesure que la personne fait face à la perte et s'adapte aux changements. Au fil du temps et à mesure que la personne s'adapte à une nouvelle vie, la douleur du deuil diminue. Cependant, le deuil est difficile et chacun le vit à sa façon. Il est également important de demander une aide professionnelle si nécessaire.

En tant que praticien médical sportif, j'encourage toujours mes patients amputés à pratiquer le sport.

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