Afrique: Administrations publiques - A la quête d'un leadership pour conduire des réformes qui impactent

Panel de hau niveau sur « Leadership et gestion du changement au sein des administrations publiques africaines » organisé le vendredi 04 août 2023 au Centre Africain d’Etudes Supérieures en Gestion (Cesag)
10 Août 2023

« Leadership et gestion du changement au sein des administrations publiques africaines ». C'est le thème autour duquel la réflexion a été menée le vendredi 4 août 2023 par le Centre Africain d'Etudes Supérieures en Gestion (Cesag) en collaboration avec la Coopération allemande au Sénégal (Giz).

A travers ce panel, confie le Directeur Général du CESAG, le Pr Worou Rosaline Dado épouse Houndekon, le Centre Africain d'Etudes Supérieurs en Gestion veut créer un cadre de réflexion pour susciter le débat sur les défis de gestion du changement inhérents à la mise en œuvre des politiques de réforme de l'administration publique en Afrique ; et l'importance d'exercer un leadership transformationnel pour relever ces défis.

Ce panel de haut niveau, présidé par M. Mouhamed Diop, Secrétaire Général du ministère de la Fonction Publique et de la Transformation du Secteur Public (Mfptsp) représentant M. le Ministre, a accueilli d'éminentes personnalités et hauts fonctionnaires des administrations publiques africaines, mais aussi des représentants de structures internationales. Il a débattu des changements qui s'imposent au sein des administrations publiques africaines pour espérer relever les défis de la performance.

Un diagnostic sans complaisance a permis aux panélistes de noter plusieurs générations de réformes avec des résultats mitigés. Ce qui fait dire au Secrétaire Général du ministère de la Fonction Publique et de la transformation du secteur public, M. Mouhamed Diop : « on ne peut plus faire de l'administration comme avant ».

Des réformes qui, pourtant, ciblent aussi bien des objectifs de croissance économique et de bien-être des populations, mais également des dimensions touchant à l'amélioration de la vie publique, notamment la lutte contre la corruption et le favoritisme, l'inclusion et la représentativité des groupes vulnérables, la participation des citoyens, l'imputabilité et la transparence, etc.

Dans cette dynamique, M. Mouhamed Diop met l'accent sur la persistance du pouvoir hiérarchique qui continue de plomber la fonction publique africaine.

A cela il y ajoute l'instabilité institutionnelle avec la récurrence des changements de régime dans le continent. Il est souligné que dans l'administration, il y a beaucoup de changements mais pas de transmission de connaissance. Ce qui, selon la représentante résidente de la Commission de l'UEMOA au Sénégal Mme Aïssa Kabo, a constitué un obstacle dans la transposition des directives de l'UEMOA.

Sur cette lancée, Mme Maïmouna Kante Camara, Directrice de la formation professionnelle et technique du Sénégal pense que la qualité du lien hiérarchique doit permettre d'atteindre les objectifs et non constituer un blocage.

Selon elle, il est important de placer le capital humain au cœur des politiques de réforme des administrations publiques. A cet effet, les Centres de formation devraient mettre davantage l'accent sur l'appropriation des "soft skills" dans les réformes curriculaires pour construire le profil de l'Agent de l'Etat.

La représentante résidente de la commission de l'UEMOA au Sénégal, Mme Aïssa Kabo, a rappelé que son institution a fait de la modernisation de l'État son cheval de bataille. Les réformes communautaires initiées depuis 2009 dans le cadre harmonisé des finances publiques s'inscrivent dans cette optique.

Mme Aïssa Kabo a démontré la place de l'humain au cœur de la dynamique et la nécessité, d'après elle, de faire de la prise en compte de la capacité humaine à se moderniser et à prendre en charge les mutations, une priorité.

Elle met ainsi sur la table le défi de faire adhérer les parties prenantes notamment les citoyens, l'État, entre autres.

Mme Aïssatou Diouf Gueye, Directrice de l'Équité et de l'Égalité de Genre au ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des Enfants du Sénégal lui emboite le pas.

D'après elle, le début d'internalisation des réformes de l'UEMOA a donné le ton dans les administrations locales de la sous-région.

Dans cette dynamique, elle y loge la nécessité de relever le défi de la promotion de l'équité et l'égalité des genres en mettant homme et femme dans les mêmes conditions de conduire le changement.

En plus de la compétence, a-t-elle poursuivi, il faut prendre en compte l'aspect disponibilité des femmes en leur permettant de concilier la vie professionnelle et celle conjugale.

Mme Dieynaba Niang du Bureau Opérationnel de Suivi du Plan Sénégal Émergent oriente le curseur vers l'importance d'opérer un changement de mentalité au niveau de la relation hiérarchique.

Sur ce point les panélistes, à l'unanimité, ont prôné pour l'émergence de managers qui adoptent une démarche inclusive que ceux qui imposent ou dictent la démarche à suivre.

Mme Mame Diarra Thiam, Coordonnatrice du projet Talent Africain à l'International, membre de l'assistance, invite à l'intégration de la dimension sociologique dans la réforme de l'administration. Pour elle, il faut voir comment faire pour incruster ces valeurs au niveau familial avec la socialisation des plus jeunes.

A l'issue de ces échanges, il émerge que le rôle de l'humain dans la conduite du changement est fondamental. Au-delà des capacités techniques, soulignent les responsables du CESAG, il est important d'acquérir des soft skills tels que la capacité à engager, à fédérer, à gérer des Hommes, la capacité à inspirer, l'estime de soi, l'intelligence émotionnelle, la communication et bien d'autres. Par ailleurs, afin de pouvoir relever les défis et ne pas rester dans les carcans des liens hiérarchiques, la relation de travail entre le supérieur et le supervisé devra être avant tout perçue comme une collaboration.

Pour eux, le changement ne peut s'appréhender de manière individuelle parce que c'est une démarche collective qui mobilise un groupe d'acteurs qui a besoin d'adhérer à une vision partagée de ce qu'est le changement, se mobiliser et s'engager pour pouvoir œuvrer dans cette direction. Par ailleurs, la réussite de ce changement passe par la prise en compte de nombreux défis tels que l'égalité de genre et l'équité. A cet effet, un appel à l'intégration de cette notion de promotion de l'égalité de genre et de l'équité dans la gestion de la chose publique, a été lancé.

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