Ile Maurice: PTr-MMM-PMSD - Le refus des salles pour les congrès perçu comme des tentatives de démobiliser l'opposition

Les partis au pouvoir avec, en tête, le Mouvement socialiste militant (MSM), craignent-ils la réunification des principaux partis de l'opposition, surtout après la démonstration de force du 28 juillet à Mare-d'Albert ? Si au lendemain de ce grand rassemblement inédit - c'est la première fois que le Parti travailliste (PTr), le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) sont réunis sur une même estrade - le leader du MSM, Pravind Jugnauth, s'est non seulement attardé sur les détails de l'organisation de ce congrès dix jours après, mais cette alliance essuie aussi les refus systématiques des autorités pour en tenir d'autres, que ce soit pour un autre grand rassemblement à Vacoas que pour des réunions de mobilisation dans les autres circonscriptions.

D'abord pour Vacoas, cette alliance s'est vue refuser deux lieux, soit la place Camions-Taxis et un parking de Metro Express Limited non loin du gymnase Pandit Sahadeo. Finalement, c'est à la municipalité de Vacoas-Phoenix que se tiendra ce grand rassemblement de l'alliance de l'opposition, le vendredi 18 août.

Le président du PTr, Patrick Assirvaden, estime que ces manoeuvres ont pour objectif de démobiliser les sympathisants du PTr-MMM-PMSD. Pour lui, le refus d'accorder l'autorisation pour la tenue de congrès dans les lieux susmentionnés vient des partis politiques au pouvoir, qui «tentent par tous les moyens de mettre des bâtons dans les roues de l'alliance PTr-MMM-PMSD». Il est convaincu qu'il y aura malgré tout beaucoup de personnes au rassemblement du 18 août.

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Après Vacoas, c'est à Flacq que le PTr a éprouvé des difficultés pour pouvoir louer le bâtiment multi-complexe du conseil de district. Cette instance a expliqué que si, dans un premier temps, elle avait autorisé le PTr à organiser un rassemblement, c'était parce que la demande avait été faite pour la tenue d'un anniversaire. Or, selon Anil Bachoo, si effectivement il y avait eu cette demande, c'était pour honorer un membre du parti, qui est au service des Rouges depuis 50 ans. «Mais nous savons que la vraie raison de ce refus est que le conseil a reçu des directives pour nous empêcher d'organiser cette réunion, de peur qu'elle n'attire une grosse foule. D'ailleurs, je me demande pourquoi le 30 juin dernier, la tenue d'un comité régional du MSM a été autorisée en ce lieu.»

«Mesquinerie politique»

Un conseiller de longue date, pourtant proche du MSM, soutient que c'est pour une raison purement politique que le PTr s'est vu refuser cette salle. «Quand il y a eu une demande, le conseil a été mis au courant. Et quand la décision a été prise d'annuler la réservation, le conseil n'a pas été mis au courant», déplore-t-il. Il explique que c'est «une décision maladroite» et pense que de telles décisions rendent ce gouvernement «impopulaire». Ce n'est pas ce refus qui empêchera le PTr d'organiser sa réunion demain. En effet, Anil Bachoo a confirmé que celle-ci aura lieu au collège Darwin, non loin de l'hôpital.

À Curepipe, l'alliance PTr-MMM-PMSD a essuyé trois refus. D'abord, une requête faite au nom de Michael Sik Yuen pour réserver l'Hôtel de ville, mercredi, n'a pas été entretenue. Il y a eu une autre demande d'un proche du PTr pour obtenir l'autorisation de tenir une réunion à la salle Charles Regnaud. La municipalité a, une fois de plus, refusé.

Hier, la conseillère du PMSD, Nathalie Gopee, a informé l'express qu'elle avait fait une demande pour réserver la salle des fêtes et que cela lui a été refusé. Pourtant, dit-elle, le politicien Steven Obeegadoo a bel et bien animé une réunion politique, le 7 juillet, à l'Hôtel de ville. «Je pense que c'est sur un simple coup de téléphone que Steven Obeegadoo a obtenu l'autorisation. Le 28 juillet, j'ai demandé à la maire quand la demande pour cette réunion a été faite et elle a été incapable de me répondre.»

Interrogée, hier, la maire Devika Pabaroo a déclaré que par rapport à la demande de réservation de la salle Charles Regnaud, ladite salle est indisponible car étant réservée par des dames qui y organisent des activités. Pour ce qui est de l'Hôtel de ville, Devika Pabaroo soutient que cette salle a été rénovée à grands frais et ne peut être mise à la disposition de partis politiques pour la tenue de réunions. «Je sais que de telles réunions attireront beaucoup de monde, et certains viendront avec des drapeaux et des oriflammes qu'ils installeront partout. Donc, ce n'est pas possible.»

Invitée à dire pourquoi l'autorisation a été accordée à Steven Obeegadoo, le 7 juillet, elle soutient qu'il n'y avait pas tenu une activité politique. C'était une rencontre entre le ministre et les habitants de la ville pour parler de la situation des infrastructures, entre autres. Elle a ajouté que désormais, aucun parti politique, que ce soit du gouvernement ou de l'opposition, n'aura accès à l'Hôtel de ville.

Lindsay Paul, qui a été adjoint au maire MMM à la mairie de Curepipe, qualifie le refus de la maire de «mesquinerie politique». Il rappelle que lorsqu'il était à la municipalité, l'autorisation pour la tenue d'activités était accordée à n'importe quel parti politique.

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