Sénégal: Editorial du journal «le Monde» sur la «dérive du Sénégal» - Le porte-parole du Gouvernement dénonce un manque de rigueur et précise

10 Août 2023

Réagissant à un éditorial du quotidien français Le Monde intitulé « La dérive du Sénégal, nouvelle source d'inquiétude pour l'Afrique de l'Ouest », le porte-parole du Gouvernement, Abdou Karim Fofana, parle d'« un manque de rigueur journalistique ». Il est revenu sur les évènements qui ont conduit à l'arrestation de Ousmane Sonko et à la dissolution de son parti.

La réponse du Gouvernement sénégalais n'a pas tardé après que le quotidien français « Le Monde » a consacré un éditorial à l'actualité politique dans notre pays sous le titre « La dérive du Sénégal, nouvelle source d'inquiétude pour l'Afrique de l'Ouest ». L'article publié sur le site du journal avant-hier, revient sur les évènements politiques ayant mené à l'arrestation de Ousmane Sonko, la dissolution de son parti Pastef. Il fait état de « raidissement en cours au Sénégal » avant de conclure que « ce qui est en jeu au Sénégal est lourd : rien de moins que la supériorité de la démocratie sur tout autre régime ».

Le porte-parole du Gouvernement, Abdou Karim Fofana, dans sa réponse intitulée « la dérive du journal Le Monde », dénonce le fait que le journal français n'a pas rappelé les causes de la dissolution de Pastef et des démêlées judiciaires de son leader Ousmane Sonko, préférant s'épancher sur les conséquences supposées. « Pour n'avoir pas poussé la rigueur journalistique jusqu'à offrir à ses lecteurs un réel aperçu des actes et du discours ayant conduit M. Sonko et son ex-parti à cette situation, nous apportons au Monde quelques faits par souci de délivrer la bonne information », écrit d'emblée le ministre du Commerce de la Consommation et des Pme.

Ce dernier de rappeler qu' « entre mars 2021 et juin 2023, Ousmane Sonko a, entre autres, appelé des jeunes à aller déloger le Président de la République ; demandé à ses partisans, par la violence, je le cite : "d'en finir avec Macky Sall » et de le traiter comme Samuel Doe en précisant que les jeunes sont bien entrainés et, dotés d'armes, chacun d'entre eux pourra mener à bien ce projet ; appelé l'armée a, je le cite toujours, "prendre ses responsabilités" ».

Dans sa réponse, le porte-parole du Gouvernement indique que « ces paroles ont été accompagnées d'actes menés par des bandes armées et organisées s'adonnant à des casses, des pillages de commerces, de banques et ciblant des infrastructures névralgiques telles que des transports, des centrales électriques, des usines de distribution d'eau dans le but de paralyser l'activité économique du pays et installer le chaos ».

« Pas de leçon à recevoir »

Le ministre poursuit que conformément aux lois sénégalaises, plusieurs dossiers liés à ces violences ayant pour dénominateur commun des responsables et militants du parti dissous sont pendants devant la justice. « En tant que principal instigateur de ces violences, Ousmane Sonko a été inculpé et placé sous mandat de dépôt. L'ex-parti de M. Sonko, avant sa dissolution, avait, à travers ses dirigeants et instances, fréquemment appelé à des mouvements insurrectionnels ayant entraîné des pertes en vies humaines, de nombreux blessés ainsi que des actes de saccage et pillage de biens publics et privés. Ces actes ont constitué un sérieux et permanent manquement aux obligations des partis politiques figurant à l'article 4 de notre Constitution et à l'article 4 de la loi n°81-17 du 06 mai 1981 modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989 », précise M. Fofana à l'attention du journal Le Monde.

Le porte-parole du Gouvernement de marteler qu'aucun pays démocratique ne peut accepter ce manquement, rappelant qu'en « France, la dissolution de l'organisation Les Soulèvements de la Terre pour appel à l'insurrection et violences contre la Police est à l'ordre du jour sans que Le Monde ne pense à remettre en cause le régime démocratique français ». Le ministre du Commerce écrit aussi que « le jour même de la publication de son éditorial dénonçant la dissolution d'une organisation au Sénégal pour violation de nos lois, le site internet du journal Le Monde se contentait d'annoncer que le ministre de l'Intérieur français a activé ses services pour la dissolution d'un mouvement dénommé Civitas ».

Pour dire que le Sénégal n'a pas de leçon à recevoir, le porte-parole du Gouvernement assène que « depuis son avènement, l'Etat du Sénégal n'a pas connu de coup d'Etat » et « pour préserver la supériorité de son modèle démocratique, ne laissera pas prospérer les tentatives de déstabilisation menées par des extrémistes soutenus de l'extérieur, que ces soutiens soient des intérêts privés économiques, des mouvements politiques ou des médias cachant mal des objectifs inavoués derrière une amputation de la bonne information à dessein ».

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