Un procès oppose le ministre de l'Economie, des Finances et de la Prospective, Aboubakar Nacanabo, au journal Le Reporter, pour « diffamation et complicité de diffamation ». Le dossier, appelé à l'audience, hier jeudi 10 août 2023 devant la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga II, a été renvoyé au 14 septembre 2023 « pour une meilleure coordination de la défense ».
Il ressort des faits que l'article de Le Reporter contient des informations supposées faire l'économie d'une transaction intervenue entre la société Essakane et l'Etat burkinabè à travers le ministre de la Prospective, et que l'auteur de l'article utilise des termes peu glorieux à l'égard des responsables qui ont conduit cette transaction.
«Le ministre de l'Economie, des Finances et de la Prospective, Aboubakar Nacanabo, et son directeur général des douanes (DGD), Mathias Kadiogo, ont décidé de signer un protocole d'accord transactionnel avec la mine. Dans cette entente, la mine s'engage à payer certains montants. Ça se passe à la DGD et aux finances. Seulement, les contours sont tout de même scandaleux pour le Trésor public.
Les agissements des acteurs ne le sont pas moins. L'Etat a perdu environ 97 milliards dans l'affaire, au moment où les Burkinabè sont pressurés de partout pour renflouer les caisses de l'Etat, afin de soutenir la lutte contre le terrorisme. Le dossier a été clôturé en décembre 2022. Mais il y a des zones d'ombre. A quoi jouent le ministre des finances, son directeur général des douanes et le DG des impôts ?
Coup de projecteurs sur une affaire pas si clean ! », a repris la citation directe à comparaître, qui dit que dans ses développements, le journaliste impute au ministre Nacanabo, au directeur général des douanes Mathias Kadiogo et au directeur général des impôts Daouda Kirakoya, d'avoir « pris des libertés avec le dossier ». Par des moyens de droit en appui de sa requête, la partie civile estime que l'article est constitutif des infractions de « diffamation et complicité de diffamation ».
D'où l'action en justice contre Boureima Ouédraogo, journaliste, directeur de publication du journal Le Reporter ; Aimé Kobo Nabaloum, journaliste, rédacteur en chef et auteur de l'article et le journal Le Reporter. Les requérants demandent donc au Tribunal de condamner les prévenus Boureima Ouédraogo et Aimé Kobo Nabaloum à payer solidairement, entre autres, la somme de 20 000 000 FCFA à titre de dommage-intérêt et à l'ensemble, la somme de 2 000 000 FCFA à titre des frais exposés et non compris dans les dépens.
A l'audience de ce matin, toutes les parties étaient présentes, la demanderesse ayant été représentée par son conseil, la Société civile professionnelle d'avocats (SCPA) Ouattara-Sory et Salembéré. Mais après quelques échanges entre les parties et le Tribunal, le dossier va être renvoyé au 14 septembre 2023.
«Nous avons demandé que le dossier soit renvoyé, parce qu'il y a deux cabinets (SCPA Légalis et la SCPA Birba-Guitanga et associés) ; un cabinet a pu avoir une séance de travail avec les concernés, mais il y a l'autre qui n'a pas encore pu le faire. Donc, pour une meilleure coordination de la défense, on a suggéré que le dossier soit renvoyé, pour que tout le monde soit en harmonie, en matière d'information », explique un des avocats de la défense à la sortie de la salle d'audience.