Tunisie: Reportage | Métiers de plages - La débrouillardise est de mise en plein été - La saison des débrouillards

12 Août 2023

L'ingéniosité est devenue l'apanage de nombreux Tunisiens en proie au chômage et qui n'ont que leurs bras, leurs jambes et leurs corps à déployer pour gagner leur vie. Les petits métiers pullulent et inondent les plages de pousse-pousses et de larges couffins...

La saison de l'été profite à de nombreux petits métiers qui réapparaissent comme par enchantement. Notamment aux abords des plages et des régions côtières qui ont directement accès à la mer. Vendeurs de kakis, glibettes, cacahuètes, popcorns et accessoirement chips et glaces, le plus souvent emballés ou en vrac, déambulent au bord de la plage pour servir une clientèle qui n'en demande pas tant. L'avantage du petit prix proposé fait que ces articles s'écoulent comme des petits pains, sachant combien le Tunisien est près de ses sous et n'a plus les moyens de gaspiller vu son faible pouvoir d'achat.

A la plage de Rafraf «lahmeri», les prix sont de 1,5 D pour le petit bloc en papier de chips, 1 D celui des kakis ou encore 1 D les popcorns tout chauds, servis directement de la machine à popcorn ambulante et roulante, invention américaine de Charles Cretors en 1891, il y en a pour tous les enfants mais pas que, puisque même les adultes raffolent de ces petits snacks de plage. A Gammarth, la glace toute fraîche et colorée de blanc, rose et vert, comme la baklawa locale, directement du petit congélateur sur roues attire les petits et les adultes nostalgiques de leur enfance... Ce sont ces petits vendeurs ambulants qui trouvent de quoi gagner dignement leur vie ou «survie» le temps d'une saison.

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D comme débrouille

Pour sortir des sentiers battus et offrir un travail rentable et respectable aux travailleurs d'été, l'autorité de tutelle doit penser à former des cellules ou des agents municipaux qui puissent encadrer et réguler leur activité quotidiennement. Quand on voit un homme porter un gros tas de bouées et de jeux gonflables pour la plupart gonflés à bloc sur le corps, il y a certaines choses à revoir sur le plan éthique de travail. Il se démène comme il peut pour écouler sa marchandise, en muant son corps à travers tous ses membres, en magasin ambulant. Un stratagème pour susciter l'envie d'acheter au client, directement de la plage le produit qu'on aurait oublié d'acheter dans une boutique de jouets de vacances.

«Profiter» du beau monde

D'autres se promènent avec un gros bac de poissons supposés frais et bons à la consommation. Les baigneurs ne s'en plaignent pas outre mesure, et ce procédé a beaucoup d'avenir devant lui. Un autre quidam à cheval quant à lui se prête allègrement au grand rassemblement de monde sur le sable, en proposant une balade sur son bel animal aux enfants curieux et surpris...

Une trouvaille de plus... Mais ceux qui mettent le grappin sur l'or durant cette période, faite pour fuir la canicule et opter pour l'escapade en mer, sont sans nul doute les gérants de plages privées. Avec l'agrément de la municipalité de la région, tout un arsenal de matériel et d'éléments pour la plage est proposé, à commencer par le fameux duo de circonstance : parasol et chaises ou table. Au bas mot, pour 15 D même pour une petite heure passée à la plage, qu'il vente ou pas. Faire payer rubis sur l'ongle le client est leur maître mot.

Transat, relax, hamac et pour encore plus de confort des tentes en bois mais aussi surtout les prix sont à la tête du client... On n'imagine pas l'addition. Sans parler du matériel pour la mer avec les pédalos et les jet skis. Petit bémol sur le service à la consommation avec un café crème quasiment brûlé pour le palais de la bouche qui coûte 3,5 D ou une citronnade à 4,5 D avec un goût limite. D'autres plages tendances et branchées dédiées aux jeunes célibataires et couples comme à Hammamet proposent un meilleur service, mais à des prix vertigineux pour le Tunisien moyen.

C'est en soi un moment fort pour l'activité économique saisonnière depuis juin 2023 jusqu'à septembre 2023, puisque la chaleur s'invite longtemps chez nous, depuis les ravages du réchauffement climatique. Ceux qui peuvent se faire du fric l'espace d'une saison, en temps de crise, sont ceux-là qui ne payent ni impôts, ni redevances à l'État. Même si les choses sont amenées à changer pour le commerce parallèle et les marchands ambulants qui envahissent désormais des quartiers huppés de la capitale. Un autre phénomène qui inquiète la population locale.

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