Congo-Brazzaville: Finances publiques - Le pays amorce son passage au budget-programme

Six départements ministériels sur les trente-huit que forme le gouvernement congolais vont passer du budget de moyens au budget de programmation dès le 1er janvier 2024.

Les documents relatifs à la réforme ont été remis au Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, le 11 août, à Brazzaville, au terme d'un conclave regroupant des cadres nationaux et experts étrangers.

Le basculement au mode budget-programme axé sur les résultats est une décision politique qu'assume l'exécutif dans sa quête de performance. Les départements ministériels pilotes, dont l'Économie et les Finances, les Transports, l'Économie forestière, le Développement industriel, la Réforme de l'État, vont devoir planifier leurs dépenses dans le cadre d'une gestion axée sur les résultats, en lien avec les directives de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) en matière de gestion des finances publiques.

Ce nouveau mode de gestion budgétaire repose sur la culture de performance, de transparence et de redevabilité. Celui-ci place le dirigeant au coeur des actions publiques, nécessitant la maîtrise du chantier, le suivi-évaluation des projets d'investissement, la reddition de comptes. Les huit documents stratégiques remis au chef du gouvernement posent les bases d'un budget de programmation avec ses principes et mécanismes de suivi-évaluation.

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Les différents outils de gestion budgétaire, parmi lesquels le Programme pluriannuel des actions prioritaires et le Cadre de dépenses à moyen terme, viennent donc consolider l'architecture législative et règlementaire du pays. Mais l'exécutif doit relever trois défis. « Le premier porte sur l'articulation qui existe entre les différents documents que nous venons de valider et le Projet de société du chef de l'État, le plan d'action du gouvernement, notamment les douze batailles, et le Plan national de développement 2022-2026 », a expliqué le ministre de l'Économie et des Finances, Jean-Baptiste Ondaye.

Deux autres défis consistent à minimiser les contraintes dès l'implémentation en janvier 2024 du budget-programme et à s'autoévaluer à travers un dispositif de suivi-évaluation. Le document portant sur le cadre de suivi-évaluation, d'après le ministre de l'Économie et des Finances, permet à la fois de renforcer la notion de redevabilité envers le peuple et de mesurer l'atteinte des objectifs assignés.

Entre optimisme et inquiétude

En dépit de l'optimisme affiché par les autorités, les experts ont émis des réserves quant à l'efficacité d'une réforme s'appuyant que sur six départements ministériels sur les trente-huit et la capacité de l'État, par exemple, à combler le gap de financement estimé à près de 100 milliards francs CFA. Les inquiétudes des experts portent surtout sur les risques d'un relâchement au sein de l'administration publique, l'inertie fonctionnelle, la méfiance, la crainte de sortir de sa zone de confort, voire le boycott.

La promotion d'une culture de la performance est utile pour le Congo qui aspire à l'émergence et au mieux-être de sa population, a assuré le Premier ministre. Elle permettra à chacune des institutions publiques, a-t- il poursuivi, de s'autoévaluer et aux différents responsables hiérarchiques d'évaluer les performances sur la base des indicateurs objectifs. « Cet atelier illustre, une fois de plus, la volonté du gouvernement de mettre en oeuvre les réformes structurelles indispensables à l'amélioration de notre bien-être collectif », a conclu Anatole Collinet Makosso.

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