Ile Maurice: À Port-Louis I Rue du Vieux Conseil - Les pavés à la renverse

Rue du Vieux Conseil. En plein dans un triangle historique. Entre la Maison Surcouf, située en face de l'hôtel de ville de Port-Louis, le théâtre municipal et le Musée de la Photographie. Mais attention que le triangle historique ne s'apparente à celui, réputé maudit, des Bermudes.

Rue du Vieux Conseil, artère piétonnière très fréquentée. Les passants n'ont pas manqué de remarquer les travaux en cours. Il faut se rendre à l'évidence. Les pavés au milieu de la rue sont en béton. Bordés par des pierres taillées qui se sont raréfiées avec le temps qui passe. Du côté de la mairie de la cité, le lord-maire Issop Nujuraully indique que ces travaux ne sont pas effectués par les services municipaux, mais qu'ils relèvent du Central Electricity Board (CEB).

Ce que confirme Thierry Ramasawmy, responsable de communication du CEB. Il précise : «Il s'agit de travaux concernant les câbles de fibres optiques souterrains. Ces câbles relieront deux stations du CEB qui sont dans la capitale. Ces travaux sont placés sous la supervision de l'entrepreneur qui a décroché le contrat et du CEB. Ces travaux vont prendre fin très bientôt». Le responsable donne l'assurance que, «tout sera fait pour préserver le cachet traditionnel» des lieux. Tout en «respectant les conditions attachées au contrat».

Sauf que ces garanties ne rassurent pas totalement Arrmaan Shamachurn, président de l'ONG SOS Patrimoine en péril. Il est de ceux qui ont tenu à arpenter la rue du Vieux Conseil après avoir reçu des photos montrant les travaux. Sur place, le constat de visu lui fait dire que, «même si c'est le CEB qui fait des travaux, il faut pour cela avoir le feu vert de la municipalité». Ce qui signifie que la mairie ne peut se dédouaner de ses responsabilités concernant ce qui se passe dans ce quartier historique de la capitale.

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Arrmaan Shamachurn rappelle que suite à des cas de vols de pierres taillées et de pavés vandalisés, «nous avions demandé à la mairie d'instituer un comité réunissant toutes les autorités concernées, afin de préserver ces structures d'antan - rues pavées, trottoirs, drains - qui font l'âme de la ville». Autant de structures qui témoignent d'un savoir-faire, mais qui ne sont pas protégées par la loi. Le responsable de SOS Patrimoine en péril regrette de ne «pas avoir eu de réponse jusqu'ici». Soulignons que malgré leur longue existence et tous les services rendus à la ville, ces structures ne sont pas classées patrimoine national.

En avril 2022, il y a plus d'un an, le sujet a été abordé à l'Assemblée nationale. C'était lors d'une polémique entourant la démolition d'un mur situé, non loin de la rue du Vieux Conseil, à la rue George Guibert, à Port-Louis. Une question soulevée par le député travailliste Osman Mahomed. «Encore une fois, nous avions demandé au ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo de mettre en place une structure pour savoir qui est responsable de la protection de ces structures. Personn pa reponn».

Arrmaan Shamachurn tient à dire que la protection du patrimoine ne signifie pas être contre le développement. Dans le cas présent, des câbles de fibre optique. Mais, «il faut faire les choses dans les règles».

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