La note souveraine du Cameroun a été abaissée, cette semaine, par Standard & Poor's, quelques jours après Moody's. S&P a même très temporairement classé la dette souveraine en devises en défaut sélectif avant d'attribuer un CCC+/C contre B-/B auparavant.
Pourquoi les agences de notation ont-elles moins confiance dans la dette camerounaise ?
Le Cameroun a tardé à rembourser des échéances dues auprès de la branche espagnole de la Deutsche Bank, des retards de deux semaines, en moyenne, et pouvant aller jusqu'à 18 jours. Or les agences ont un seuil de tolérance de cinq jours.
Ces difficultés remontent à la période janvier-novembre 2022, mais les agences n'ont eu que récemment connaissance des détails, d'où ces dégradations des notes.
Ces retards sont le fruit de tensions sur les liquidités, en partie dues à la hausse des cours des hydrocarbures l'an dernier. Certes, les recettes des exportations de gaz et de pétrole ont augmenté, mais S&P souligne que cela a aussi creusé l'écart entre les prix des produits raffinés importés et les prix fixes à la pompe, de quoi doubler le budget prévu pour les subventions en 2022.
La décision du gouvernement, en février dernier, de relever les prix des carburants devrait réduire la pression sur ses finances.
En revanche, S&P s'attend à ce que la fin du programme de subventions au Nigeria complique la tâche de Yaoundé. Les prix de l'essence augmentant près de la frontière. Les autorités pourraient être incitées à aider les ménages et les entreprises affectées par cette hausse.
Enfin, le contexte sécuritaire dans l'ouest anglophone a aussi provoqué des « dépenses imprévues » via des avances de trésorerie.