Tunisie: Les associations féministes débordées par les demandes de migrantes subsahariennes

En Tunisie, la journée du 13 août célèbre les droits de la femme, en hommage à la date de promulgation du Code du statut personnel. Mais en dépit de divers progrès, les associations féministes confient être débordées par les demandes de femmes migrantes, en proie à des situations de violences et de détresse sociale depuis le resserrement de la lutte contre la migration irrégulière dans le pays.

Le Code du statut personnel fut promulgué le 13 août 1956 en Tunisie. Ce corpus juridique avait marqué des avancées à l'époque en matière de droits des femmes. Puis, en 2017, une loi historique contre les violences et les discriminations avait été voté par le parlement. Mais malgré ces avancées, de nombreux problèmes subsistent en matière de droits des femmes en Tunisie, notamment pour les femmes migrantes.

De nombreuses migrantes subsahariennes se tournent vers les associations de défense des droits des femmes en Tunisie. Ahlem Bousserwel, secrétaire générale de l'Association tunisienne des femmes démocrates, explique :

« D'habitude, nous recevons sur les quatre centres à peu près 1 100 femmes par année, en tant que femmes victimes de violences. Cette année, on n'est même pas à la moitié de l'année, et on a recensé, de janvier jusqu'à aujourd'hui, 600 cas de femmes victimes de violences. »

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Une augmentation des cas et une situation inédite pour l'association qui n'a pas une vocation humanitaire à la base, mais plutôt de plaidoyer : « Ce sont des besoins où les femmes n'avaient pas de quoi manger, n'avaient pas de quoi se déplacer, n'avaient pas de quoi appeler, même une ligne d'urgence, ou de se rendre dans les urgences dans les hôpitaux. »

L'association s'est basée sur la solidarité de nombreux Tunisiens et du réseau féministe pour aider ces femmes. Même changement de stratégie pour l'association Beity, qui lutte contre toute forme de discrimination basée sur le genre et qui accompagnait depuis des années des femmes migrantes en insertion économique. Mawaheb Zoubeir, directrice de l'unité de jour, confie : « Elles sont trop fatiguées, elles se sentent en insécurité totale, donc on ne parle plus de projet de vie, on ne parle plus de formation. »

Un cas de viol collectif sur des femmes migrantes a été aussi signalé par l'association des femmes démocrates au ministère de l'Intérieur tunisien, suite à la vague de violences du mois de juillet.

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