Le Colonel Mamadi Doumbouya est-il pleinement engagé aux côtés des putschistes nigériens ? D'aucuns pensent que la réponse à cette question n'est pas si évidente qu'elle paraît. Puisque les propos du chef de la junte guinéenne à l'occasion d'une audience accordée le 12 août 2023 à des émissaires de l'actuel homme fort du Niger et dont le site d'information Guineenews.org s'est fait écho suscite davantage d'interrogation. Surtout dans contexte ou les putschistes de Niamey semblent à la recherche d'amis prêts à les appuyer en cas d'usage de la force la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao).
Le Colonel Mamadi Doumbouya a déclaré : " En ce qui concerne la République de Guinée, nous sommes panafricains. Quand nos peuples rencontrent des problèmes, nous sommes toujours présents, et nous le serons toujours. C'est ce qui a été le cas pour nos frères du Mali, du Burkina Faso et du Niger ". En plus de ces propos qui résonnent comme une tentative de justification du silence assourdissant de Conakry au moment où Bamako et Ouagadougou ont clairement indiqué leur engagement à mobiliser des troupes pour soutenir les putschistes nigériens, le Colonel Mamadi Doumbouya n'a pas tranché sur l'engagement militaire guinéen face à une intervention des casques au Niger. Se contentant de reprendre la rhétorique des " panafricains " , il a déclaré : " Pour nous, il n'y a que nous qui pouvons trouver des solutions à nos problèmes. Notre problème est clair : faire face aux défis de nos peuples est pour nous une priorité majeure ".
Peur d'un effet dominos
Des observateurs de la conjoncture géopolitique ouest-africaine pensent qu'en réalité, un succès de la Force en attente de la Cedeao au Niger rebat les cartes et peut totalement changer la donne pour les autres pays en transition. Puisque l'organisation sous-régionale pourrait ne pas vouloir s'arrêter en si bon chemin, mais également donnerait ainsi un peu plus de force aux mouvements anti-juntes à Bamako, Conakry et Ouagadougou. Surtout que les militaires au pouvoir au Burkina Faso et au Mali n'ont pas obtenu de résultats probants dans lutte antiterroriste dont il ont fait le prétexte de leur irruption sur la scène politique.
Des la fin des travaux du Sommet extraordinaire des Chefs d'État et de Gouvernement de la Cedeao le 10 août 2023 à Abuja auNigeria, le Président beninois, Patrice Talon, a déclaré: " En aucune manière la #CEDEAO n'acceptera que les coups d'état ne deviennent le moyen par lequel les gouvernants des peuples doivent être désignés. Le développement passe par la démocratie. Si nous laissons faire, notre sous-région sera désintégrée ".