Congo-Kinshasa: L'ONU s'inquiète face aux exactions du M23 et l'émergence de groupes d'autodéfense

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, prononce un discours lors du Forum de Paris sur la paix dans le Hall de la Villette, en France.

Dans un rapport transmis au Conseil de sécurité ce week-end du 12-13 août et qui a fuité, le Secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, ne fait pas mention de la présence de troupes de l'armée rwandaise (RDF) aux côtés des rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu, sur le sol congolais. Les derniers rapports des experts onusiens avaient pourtant conduit de nombreux pays et l'Union européenne à condamner le Rwanda pour son implication dans le conflit.

Dans son rapport de 15 pages, à aucun moment, Antonio Guterres ne mentionne l'armée rwandaise et sa présence aux côtés du M23. Il se limite à rappeler que le M23 « s'est emparé de larges pans » de territoires au Nord-Kivu. Ils y ont « mis en place des administrations parallèles et illégales », avec prélèvement de taxes et de droits de douane.

Toujours selon lui, le M23 procède à des « arrestations arbitraires et à des exécutions extrajudiciaires ». Dans le même document, Antonio Guterres exprime une inquiétude : la multiplication des groupes d'autodéfense constitués de citoyens armés qui affirment combattre le M23. Cela soulève, pour lui, « d'autres problèmes de sécurité et pourrait contribuer à un nouveau cycle de violences, notamment des attaques motivées par des considérations ethniques et des représailles ».

Le tableau qu'il dépeint de la situation globale est sans appel : les tensions régionales se sont aggravées en un an, et « des centaines de milliers de civils ont été déplacés de force » dans le Nord-Kivu et l'Ituri. Et le nombre d'actes de violences sexuelles contre des enfants « a plus que doublé entre 2021 et 2022 ».

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Par ailleurs, Antonio Guterres a annoncé que la mission onusienne en République démocratique du Congo (Monusco) est entrée « dans sa phase finale » avant de quitter le territoire congolais, où ses troupes sont présentes depuis 25 ans. Une phase décisive mais qui ne cadre pas avec la situation sur le terrain, laquelle est « en forte détérioration » selon le chef de l'ONU, qui veut un « retrait accéléré, mais responsable ». Un départ prématuré « aurait des conséquences pour les civils qui comptent sur la mission pour assurer leur protection », insiste-t-il.

Le départ définitif de la Monusco pourrait intervenir, selon Antonio Guterres, lorsque les autorités congolaises auront assumé leur responsabilité première en matière de protection des civils, et lorsqu'un nombre suffisant de membres des forces armées et de la police sera déployés pour assurer la sécurité des civils exposés à des risques.

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