Ile Maurice: Sniffgate - Un an après, le parfum de scandale persiste

Il y a un an, à la même période, l'affaire faisait la une des journaux. Le scandale de sniffing - Sniffgate -visant à contrôler le réseau internet a éclaté suite aux révélations de l'ancien patron de Mauritius Telecom (MT), Sherry Singh, sur les ondes de Radio Plus, le 1er juillet 2022.

Plus de 12 mois plus tard, en plus de l'arrestation à deux reprises du couple Singh pour trafic de cuivre et complot, l'enquête visant à déterminer s'il y a effectivement eu une tentative d'installer des équipements pour contrôler le trafic internet chez nous semble être au point mort. Les enquêteurs n'ont toujours pas d'éléments solides pour suivre une piste.

En réponse à une question parlementaire, le Premier ministre (PM) Pravind Jugnauth avait indiqué que le 21 octobre 2022, la Security Division du Prime Minister's Office (PMO) avait émis une lettre signée du secrétaire au Cabinet au directeur général de MT, lui demandant de fournir des informations concernant le point d'atterrissage du câble South Africa Far East (SAFE) à Baie-de-Jacotet, à Bel-Ombre.

Le PM affirme également que c'était pour une enquête sur la sécurité et que son bureau souhaitait des informations sur l'emplacement du câble sous-marin, les mesures de sécurité en place, le nombre de personnes travaillant sur le projet, y compris les ressortissants étrangers, ainsi que les détails techniques du câble. Selon l'ancien patron de MT, le 14 avril 2022, une équipe indienne avait effectué une visite à Baie-de-Jacotet pour analyser la configuration technique et le trafic du câble en vue d'installer un dispositif capable de capter le trafic entrant et sortant.

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C'est à ce moment-là que le chef technique indien aurait évoqué pour la première fois l'idée de sniffing. Étaient présents lors de cette réunion Nayen Koomar Ballah, président de MT et Secrétaire au Cabinet, un fonctionnaire du PMO et le directeur technique principal de MT. Le 30 juin 2022, Sherry Singh démissionne de son poste et le lendemain, dans une première interview à Radio Plus, il révèle avoir quitté son siège après avoir refusé de se plier aux instructions du PM visant à autoriser une tierce partie étrangère à installer des équipements 'espions'. Éclatait alors le Sniffgate et le mystérieux M. Moustass revenait dans toutes les conversations.

Manque de preuves

Le PM, lui, continue de nier, balaie d'un revers de la main les accusations de son ancien ami, et évoque plutôt des mesures pour assurer la sécurité du pays. Entre-temps, des journalistes ayant interviewé Sherry Singh seront entendus par le Central Criminal Investigation Department, et l'ancien numéro 1 de MT est accusé de violation de l'Information and Communications Technology Act, de diffamation criminelle et de propagation de fausses nouvelles. Le 19 juillet, Girish Guddoy, directeur technique principal de MT, démissionne de son poste pour des raisons toujours inconnues. Un jour après les révélations de Sherry Singh, Guddoy avait écrit une lettre affirmant qu'aucun équipement de sniffing n'avait été installé sur les infrastructures à Baie-de-Jacotet. Une missive qui, selon les membres de l'opposition, aurait été rédigée sous la contrainte.

Le 5 août, il a cependant repris son poste au sein de MT et aurait dû être un témoin clé pour élucider cette affaire. Cependant, à ce jour, on ne sait pas si Guddoy a fait une déclaration en ce sens. Une source proche du dossier indique que faute d'éléments concrets et de preuves, l'enquête piétine. «Il n'y a aucun document sur lequel s'appuyer pour suivre une piste. Les documents internes de MT sont gardés secrets, et jusqu'à présent, tout ce que nous avons pu faire, c'est prendre les différentes versions des protagonistes», explique-t-il.

Autres enquêtes en cours

Alors que l'enquête sur le Sniffgate stagne et que l'on ne sait toujours pas s'il y aura des poursuites, ce scandale a suscité d'autres enquêtes autour du principal dénonciateur, Sherry Singh. Celui de la vente de cuivre datant de 2019 est revenu sur le devant de la scène, débouchant même sur l'arrestation du couple Singh et une perquisition musclée à leur domicile. La Special Striking Team ne reste pas inactive et fait tout son possible pour déterminer si l'ancien chef de MT est impliqué dans des activités illégales liées à la vente de cuivre ou à l'affaire des données effacées avant sa démission.

Si les documents de MT ne sont pas accessibles à des fins d'enquête, étant donné qu'une équipe indienne était impliquée dans cette affaire, les enquêteurs peuvent toujours solliciter une mutual legal assistance pour obtenir des informations auprès du chef de l'équipe indienne qui s'était rendue à Baie-de-Jacotet. Une piste qui pourrait éclairer les enquêteurs et élucider toute l'affaire.

En attendant, on reste sur notre faim. Sniff, sniff.

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