C'est une situation sans précédent dans l'histoire judiciaire de Maurice : le commissaire de police remet en question les décisions récentes du procureur général, et c'est désormais à la Cour suprême qu'il reviendra de trancher cette impasse entre deux institutions majeures. Ce conflit émerge dans un contexte politique sensible, à la suite d'une série d'arrestations d'opposants au pouvoir.
L'affaire a pour toile de fond une série d'actions menées par une unité d'intervention spéciale de la police, appelée Special Striking Team, aux méthodes controversées et dans un contexte politique délicat.
Depuis novembre dernier, cette brigade a procédé à l'arrestation d'au moins quatre opposants au gouvernement, à savoir l'ancien ministre de la Justice Rama Valayden et redoutable avocat, l'avocat et homme politique Akil Bissessur, l'activiste Bruneau Laurette, très en vue depuis la marée noire provoquée par le naufrage du Wakashio en 2020 à Pointe d'Esny, et Sherry Singh, un homme du sérail qui a récemment retourné sa veste contre le pouvoir.
Un sujet de débat académique et médiatique
Les accusations portées par la police incluent les éléments « complot pour pervertir le cours de la justice, trafic de drogue et vol ».
Cependant, un à un, le procureur général (Director of Public Prosecution) Me Rashid Amine, a accordé la liberté sous caution à ces accusés. Une décision que le commissaire de police, Anil Kumar Dip, et c'est sans précédent à Maurice, a contestée et critiquée. Le tribunal de Port-Louis a rappelé à ce dernier que le procureur général détient « le pouvoir constitutionnel sur les procédures pénales ».
Non content de ce revers, le commissaire de police s'en remet à la Cour suprême. Ce clash institutionnel sur le respect des libertés individuelles dans une atmosphère politique sensible est devenu un grand sujet de débat académique et médiatique sur l'île.