Afrique: Coup d'État au Niger - Au Sénégal, la possible intervention militaire de la Cédéao divise

Présent à Abuja, le président sénégalais Macky Sall a fait partie des chefs d'État de la Cédéao qui ont décidé d'activer et de déployer la force en attente de la communauté ouest-africaine pour la restauration de l'ordre constitutionnel au Niger - même si la porte est toujours ouverte à une résolution pacifique. Mais à Dakar, le recours à la force divise.

« Nous voulons une paix durable au Niger dans une Afrique sans coup d'État. La priorité du continent doit être la lutte contre le terrorisme, la sécurité et le développement avec de l'emploi pour les jeunes. (...) C'est pourquoi, au sein de la Cédéao, nous sommes fermes, ce (coup d'État) est inacceptable. Si les militaires nigériens veulent la paix, qu'ils libèrent le président (Mohamed Bazoum), qu'ils rendent le pouvoir pour un retour à l'ordre constitutionnel », a déclaré le président sénégalais après l'annonce de la Cédéao de déployer sa force en attente. Aissata Tall Sall, la ministre des Affaires étrangères, a, de son côté, expliqué que c'était le « coup d'État de trop ».

À Dakar, une potentielle intervention militaire de la Cédéao au Niger ne fait pas l'unanimité. Plusieurs tribunes ont été publiées pour s'y opposer. Au total, ils sont plus de 170 personnalités du monde politique et de la société civile à avoir signé celle publiée par Seneplus. « Une telle intervention serait une régression dans le cours de l'histoire » et « l'avenir immédiat du Niger doit être déterminé par les Nigériens eux-mêmes », indique la tribune notamment signée par les écrivains Felwin Sarr et Boubacar Boris Diop mais aussi par Birahim Seck, coordinateur de Transparency international à Dakar.

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« Toute intervention mènerait à une catastrophe dans la sous-région »

Des politiques ont aussi signé le document comme le député Mamadou Lamine Diallo ou l'ancienne Première ministre Aminata Touré. « Toute intervention mènerait à une catastrophe dans la sous-région », commente l'ex-chef de gouvernement. « Le Sénégal n'a pas les moyens d'intervenir militairement alors que le pays a d'autres urgences à régler comme la cherté de la vie », explique la femme politique qui espère toujours qu'une solution soit trouvée par le dialogue.

Le député non-aligné, Thierno Alassane Sall, qui s'était déjà opposé à une intervention militaire à l'Assemblée nationale le 5 août dernier a de nouveau fait une déclaration : « La Cédéao n'a aucune base juridique pour déclarer la guerre au Niger qui n'a agressé personne et ne s'est immiscé dans aucune affaire d'État membre », estime l'ancien ministre de Macky Sall, qui appelle les citoyens sénégalais à une marche pacifique.

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